History of the Peloponnesian War

Thucydides

Thucydides. Histoire de la Guerre du Péloponnése, Vol. 1-2. Zévort, Marie Charles, translator. Paris: Charpentier, 1852.

VII. Vers la même époque de cet été, les Athéniens envoyèrent contre le Péloponnèse trente vaisseaux, sous le commandement d’Asopius, fils de Phormion. Les Acarnanes avaient eux-mêmes demandé qu’on leur envoyât un fils ou un parent de Phormion[*]( A cause de la bienveillance que Phormion leur avait témoignée. Phormion devait vivre encore, ou du moins être mort depuis peu ; car nous avons vu (ii, 103) qu’il était rentré au printemps de cette même année avec les vaisseaux capturés et les prisonniers.). Cette flotte suivit les côtes de la Laconie et ravagea les places maritimes. Asopius en renvoya ensuite la plus grande partie à Athènes et se rendit à Nau pacte avec douze vaisseaux. Plus tard il souleva les Acarnanes qu’il entraîna eu masse contre les oeniades ; lui-même remonta le fleuve Achéloüs, pendant que l’armée de terre dévastait le territoire ; n’ayant pu, cependant, obtenir la soumission du pays, il congédia l’armée de terre, mit à la voile pour Leucade et fit une descente à Né- ricum. Mais une partie de son armée fut détruite par les indigènes, unis pour la défense commune aux quelques soldats qui gardaient le pays ; lui-même fut tué dans la retraite.

Après cet échec, les Athéniens se rembarquèrent et firent une convention avec les Leucadiens pour enlever leurs morts.

VIII. Les députés mytiléniens envoyés sur le

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premicr vaisseau reçurent des Lacédémoniens l’invitation de se rendre à Olympie, pour que le reste des alliés pût délibérer après les avoir entendus. Ils y allèrent en effet : c’était l’olympiade dans laquelle Doriée de Rhodes fut vainqueur pour la seconde fois[*](Quatre-vingt-huitième olympiade.). Après la fête, la délibération s’ouvrit, et ils parlèrent ainsi :

IX. « Lacédémoniens et alliés, les usages des Grecs nous sont connus : lorsqu’un peuple fait défect ion pendant la guerre et abandonne ses anciens alliés, ceux qui l’accueillent le traitent avec honneur, en raison de l’utilité qu’ils en retirent ; mais on ne l’en regarde pas moins comme traître à ses premiers amis, et on a peu d’estime pour lui[*](Tacite dit également (Ann. i, 58) : Proditores etiam üs quos anteponunt invisi sunt. ). Cette manière de voir ne serait pas fausse, si, entre les révoltés et ceux dont ils se séparent, il y avait réciprocité de sentiments et de bienveillance, égalité de ressources et de puissance ; s’il n’existait aucun motif plausible de défection. Mais telle n’est pas notre situation à l’égard des Athéniens ; il n’y a donc pas lieu de nous mépriser si, après avoir été traités honorablement par eux pendant la paix, nous les abandonnons au moment du danger.