History of the Peloponnesian War

Thucydides

Thucydides. Histoire de la Guerre du Péloponnése, Vol. 1-2. Zévort, Marie Charles, translator. Paris: Charpentier, 1852.

LXXXVI. Pendant que les Athéniens étaient ainsi arrêtés en Crête, les Péloponnésiens mouillés à Cyllène tirent leurs préparatifs pour un combat naval et se rendirent, en côtoyant, à Panorme en Achaïe. Là se trouvait réunie l’armée de terre, prête à les seconder. Phormion, de son côté, avait fait voile pour Rhium de Molycrie, et mouillait en dehors du promontoire avec les vingt vaisseaux qui avaient déjà combattu sous ses ordres. Cette ville de Rhium était du parti des Athéniens ; en face est une autre Rhium sur la côte du Péloponnèse ; un bras de mer de sept stades les sépare et forme l’entrée du golfe de Crisa. C’est donc à Rhium d’Achaïe, à peu de distance de Panorme[*](Panorme était siti ée on dedans du golfe, à quinze stades environ à l’est de Rhium.), où se trouvait l’armée du Péloponnèse, que les Péloponnésiens vinrent mouiller de leur côté avec soixante-dix-sept vaisseaux dès qu’ils eurent aperçu les Athéniens. Pendant six à sept jours, les deux flottes restèrent à l’ancre, en présence, s’exerçant et se préparant au combat : les Péloponnésiens, intimidés par leur précédent échec, ne voulaient pas sortir en dehors des deux promontoires dans une mer ouverte ; les Athéniens, au contraire, refusaient de s'engager dans une mer resserrée, pensant que le combat dans ces conditions serait avantageux à leurs ennemis. Enfin,

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Cnémus. Brasidas et les autres généraux péloponnésiens résolurent de combattre sans différer, avant que la flotte athénienne reçùt des renforts. Ils convoquèrent les soldats, et, les voyant pour la plupart effrayés de leur précédente défaite, défiants d’eux-mêmes, ils s’efforcèrent de les rassurer par ce langage :

LXXXVII. « Péloponnésiens, si le précédent combat naval inspire à quelqu’un de vous des craintes pour celui qui se prépare, ses pressentiments sont mal fondés ; car il n’y a pas parité. Nos dispositions alors étaient défectueuses, vous le savez ; nous étions moins préparés à un combat naval qu'à une expédition continentale ; d’ailleurs, bien des circonstances fortuites se sont réunies contre nous ; et, combattant pour la première fois sur mer, notre inexpérience a pu être pour quelque chose dans nos revers. Ce n’est donc point à la lâcheté qu’il faut attribuer notre défaite ; et il’ne serait pas juste que ce qui n’a pas été vaincu en nous, c’est-à- -dire la pensée, en tant qu’elle en trouve en elle-même des motifs de confiance, se laissât émousser par un revers fortuit. Il faut songer, au contraire, que, si les hommes sont exposés à être trompés par la fortune, leur courage doit toujours rester inébranlable, et qu’avec du courage il ne convient pas de p(??)étexter l’inexpérience pour commettre quelque lâcheté. Quant à vous, vous l’emportez bien plus sur vos ennemis par le courage que vous ne leur êtes inférieurs par l’expérience. Leur habileté, que vous redoutez si fort, pourra, unie au courage, se rappeler ses propres préceptes et les mettre en pratique dans le danger ; mais, sans la bravoure, aucune science ne vaut contre le péril ; car la crainte frappe la mémoire de stupeur,

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et l'art sans l'intrépidité n’est d’aucun secours. Opposez donc à la supériorité de leur science la supériorité de votre audace, à la crainte que vous inspire votre première défaite la pensée que vous étiez alors mal préparés. Vous avez pour vous le grand nombre des vaisseaux et l’avantage de combattre sur vos propres rivages, à portée de vos hoplites ; et, vous le savez, la victoire est ordinairement pour l’armée la plus nombreuse et la mieux préparée. Nous ne voyons donc absolument rien qui puisse nous faire redouter un échec ; même nos fautes antérieures ne seront pas sans fruit ; car elles nous serviront de leçon. Ayez donc confiance ; que chacun, pilotes et matelots, fasse son devoir et garde le poste qui lui aura été assigné. Quant à nous, nous allons préparer l’attaque avec le même zèle que vos premiers commandants, et nous ne fournirons à personne le prétexte de la lâcheté. Le lâche subira la peine de sa faute, et les braves seront honorés des récompenses dues à la valeur. »

LXXVIII. Tels étaient les encouragements qu'adressaient aux Péloponnésiens leurs généraux. Phormion ne craignait pas moins le découragement de ses soldats ; sachant qu’entre eux ils parlaient avec inquiétude du grand nombre des vaisseaux ennemis, il crut devoir les convoquer, pour les rassurer et leur donner les conseils que comportait la circonstance. Déjà il les avait prémunis à l'avance en leur répétant sans cesse que, quel que fût le nombre des bâtiments ennemis, ils seraient toujours en mesure de résister avec avantage ; depuis longtemps les soldats étaient imbus de cette opinion, que jamais des Athéniens ne devaient céder devant des vaisseaux péloponnésiens,

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quel qu’en fût le nombre ; cependant, les voyant alors ébranlés en présence de rennemi, Phormion crut devoir les rappeler au sentiment de leur première valeur. Il les convoqua et leur parla ainsi :