History of the Peloponnesian War

Thucydides

Thucydides. Histoire de la Guerre du Péloponnése, Vol. 1-2. Zévort, Marie Charles, translator. Paris: Charpentier, 1852.

VII. Les villes fondées le plus récemment, à une époque où la marine avait déjà pris de l’extension et où les richesses étaient plus considérables, furent

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bâties sur le bord de la mer et entourées de murailles ; elles occupèrent les isthmes, position plus favorable au commerce et plus facile à défendre contre les étrangers. Mais les villes anciennes, soit des îles, soit du continent, ayant à redouter la piraterie fort répandue alors, s’établirent loin de la mer ; car on se pillait mutuellement, et tous les habitants des côtes, même sans être marins, se livraient au brigandage. Aujourd’hui encore on trouve ces villes habitées dans l’intérieur des terres.

VIII. La piraterie n’était pas moins répandue chez les insulaires, la plupart Cariens et Phéniciens ; car ces peuples avaient occupé une grande partie des îles. Ce qui le prouve, c’est qu’à l’époque où les Athéniens purifièrent Délos[*](Thucydide donne les détails de cette purification, liv. iii, chap. 104.), dans la guerre actuelle, et enlevèrent tous les tombeaux de ceux qui étaient morts dans l’ile, on reconnut que plus de la moitié étaient Cariens ; on les distinguait aisément à la forme de leurs armes[*](Hérodote (liv. i) attribue aux Cariens l’invention des aigrettes sur les casques, des peintures sur les boucliers et des anses qui servaient à les tenir dans le combat. Le scoliaste de Thucydide rapporte qu’on déposait dans chaque tombeau un petit bouclier et une aigrette, en mémoire de cette invention.) ensevelies avec eux et au mode de sépulture[*](« Les Phéniciens ensevelissaient leurs morts la tête tournée « vers l’occident, tandis que les autres peuples les tournaient « vers l’orient » (Scol. de Thuc.). Les Athéniens étaient aussi dans l’usage d’ensevelir leurs morts la tête du côté du couchant (Élien, Hist. div., v).) usité encore chez eux aujourd’hui.

Quand Minos eut fondé une marine, les communications par mer devinrent plus faciles ; car, à

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l’époque où il peupla la plupart des iles, il en avait expulsé les pirates. Les habitants des côtes, plus riches et plus puissants, eurent des établissements moins précaires ; quelques-uns même, ayant vu leur opulence s’accroître, s’entourèrent de murailles. Les faibles, occupés à s’enrichir, acceptèrent la domination des forts, et les plus puissants profitèrent de leurs richesses pour soumettre les villes inférieures. Cet état de choses avait été se développant lorsque plus tard eut lieu l’expédition contre Troie.