History of the Peloponnesian War

Thucydides

Thucydides. Histoire de la Guerre du Péloponnése, Vol. 1-2. Zévort, Marie Charles, translator. Paris: Charpentier, 1852.

CI Les Athéniens, « Vous n’en ferez rien, si vous êtes sages : car il ne s’agit pas pour vous d’échapper à la honte en disputant le prix de la valeur, dans une lutte à forces égales; il s’agit bien plutôt d’aviser à votre salut, et de ne pas vous commettre avec des forces de beaucoup supérieures.

CII Les Méliens. « Mais nous savons que les chances à la guerre ne se partagent pas toujours suivant la force respective des armées;, et d’ailleurs si nous cédons immédiatement, c’en est fait de tout espoir; si nous résistons, au contraire, nous pouvons encore espérer le succès.

CIII. Les Athéniens, « On peut se livrer à l’espérance, ce soutien de l’homme dans les périls, quand on n’expose que son superflu; si elle coûte cher, du moins ce n’est pas la ruine; mais quand on risque sur

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elle tout ce qu’on possède (car elle est prodigue de sa nature), c’est dans les revers qu’on apprend à la connaître, et elle ne dévoile sa perfidie qu’au moment où elle ne laisse plus rien pour s’en garantir. Vous qui êtes faibles et qui n’avez qu’une chance à courir, gardezvous de cette folie; ne faites pas comme la plupart des hommes qui, pouvant encore se sauver par des moyens humains, ont recours dans leur détresse, quand tout espoir réel les abandonne, à de chimériques illusions, à la divination, aux oracles, et à tous ces expédients qui mènent à la ruine par de décevantes espérances.

CIV. Les Méliens. « Et nous aussi, nous croyons difficile, n’en doutez pas, de lutter à la fois, dans des conditions inégales, contre votre puissance et contre la fortune; mais du côté de la fortune, nous avons bon espoir, avec la protection des dieux, de ne vous être pas inférieurs en défendant des droits sacrés contre l’injustice; quant à l’infériorité de nos forces, nous espérons que l’alliance des Lacédémoniens y suppléera; car, en dehors même de tout autre motif, la communauté d’origine et l’honneur les obligent à nous venir en aide. Notre confiance n’est donc pas si absolument dépourvue de raison.

CV. Les Athéniens. « Nous croyons, nous aussi, que la faveur divine ne nous fera pas défaut; car no'us ne demandons, nous ne faisons rien qui ne soit d’accord avec les idées religieuses admises parmi les hommes, et avec ce que chacun réclame pour lui-même[*](C’est-à-dire avec les principes de justice consacrés par la religion, et avec les principes qui partout dirigent les hommes.). Nous pensons en effet, d’accord en cela avec la tradition di- [*](i C’est-à-dire avec les principes de justice consacrés par la religion, et avec les principes qui partout dirigent les hommes.)

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vine et l’évidence des choses humaines, que partout où il y a puissance, une nécessité fatale veut aussi qu’il y aitdomination : cen’estpas nousquiavonsposécetteloi; nous ne l’avons point appliquée les premiers; nous l’avons trouvée établie et nous la transmettrons après nous, parce qu’elle est éternelle; nous en profitons, bien convaincus que personne, pas plus vous que d’autres, placé dans les mêmes conditions de puissance, n’en agirait autrement. Pour ce qui est de la faveur divine, nous n’avons donc pas à craindre, suivant toute vraisemblance, d’être plus maltraités que vous; quant à la confiance que vous placez dans les Lacédémoniens, à l’espoir qu’ils viendront par pudeur vous secourir, nous vous félicitons de votre heureuse simplicité, sans envier pourtant votre aveuglement : les Lacédémoniens, entre eux, et pour tout ce qui a trait à leur politique intérieure, observent rigoureusement les lois de la justice; mais à l’égard des autres il y aurait beaucoup à dire sur leurs procédés; qu’il nous suffise de déclarer sommairement qu’il n’est pas de peuple, à notre connaissance, qui confonde plus manifestement le bien avec l’agréable, le juste avec l’utile. Certes, de pareilles dispositions répondent mal à vos folles espérances de salut.

CVI. Les Méliens. « C’est précisément là ce qui nous donne bon espoir : dans leur propre intérêt, ils ne voudront pas, en trahissant Mélos, une de leurs colonies, mettre en défiance ceux des Grecs qui leur sont favorables, et servir leurs ennemis.

CVII. Les Athéniens. « Ne savez-vous donc pas que dans la recherche de l’utile on a en vue la sécurité, tandis qu’on n’arrive au bien et au juste qu’à travers les

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dangers[*](C’est-à-dire que les hommes gouvernés exclusivement par des principes égoïstes cherchent avant tout leur sécurité, et que pour rester juste, il y a au contraire des dangers à courir.); et les Lacédémoniens, en général, ne s’y exposent que le moins possible.

CVIII. Les Méliens. « Néanmoins nous pensons que pour nous ils s’y exposeront plus volontiers, et croiront leurs sacrifices plus sûrement placés qu’avec d’autres; car notre proximité du Péloponnèse nous met plus à portée d’agir, et la communauté d’origine garantit mieux la fidélité de nos sentiments.

CIX. Les Athéniens. « La raison déterminante pour ceux dont on réclame le concours à la guerre n’est pas la reconnaissance de l’obligé, mais bien la supériorité de ses forces réelles. C’est là une considération dont les Lacédémoniens tiennent compte, et plus encore que d’autres : défiants de leurs propres forces, ils n’attaquent leurs voisins qu’assistés de nombreux alliés; il n’est donc guère vraisemblable qu’ils passent dans une île quand nous avons l’empire de la mer.

CX. Les Méliens. « Mais ils pourront en envoyér d’autres : la mer de Crète est vaste, et il est plus difficile aux maîtres des mers d’y atteindre ceux qui veulent se soustraire à leurs recherches, qu’à ceux-ci de leur échapper. D’ailleurs, s’ils échouaient à cet égard, ils se tourneraient au besoin contre votre territoire et contre ceux de vos alliés que n’a pas attaqués Brasidas,. Dès lors ce ne sera plus pour une terre étrangère, ce sera pour vos propres alliés, pour votre propre territoire que vous aurez à supporter le poids de la guerre.

CXI. Les Athéniens. « A cet égard vous n’ignorez pas, et vous pourrez apprendre par votre propre expé- [*](* C’est-à-dire que les hommes gouvernés exclusivement par des principes égoïstes cherchent avant tout leur sécurité, et que pour rester juste, il y a au contraire des dangers à courir.)

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rience, que jamais les Athéniens n’ont abandonné un seul siége par crainte de qui que ce fût. Mais nous étions convenus d’aviser aux moyens de vous sauver; et nous nous apercevons que, dans le cours d'un si long entretien, vous n’avez pas dit un mot sur lequel on puisse fonder quelque espoir de salut. Le plus sûr de vos ressources n’est qu’en espérance et dans l’avenir; vos forces réelles sont peu de chose pour triompher de celles qui sont là présentes et prêtes à attaquer. Vous faites preuve d’un grand aveuglement si, pendant qu’il en est temps encore, vous ne prenez pas, quand nous serons retirés, une résolution plus sage. N’écoutez donc pas ce faux point d’honneur qui perd si souvent les hommes, en les jetant au milieu de périls manifestes d’où ils ne peuvent sortir que par la honte. Car bien souvent, tout en voyant clairement où l’on marche, on se laisse entraîner par la force irrésistible de ce qu’on appelle l’honneur. On est subjugué par un mot; et, de fait, on se jette volontairement dans d’irréparables maux; et la honte qu’on en recueille est d’autant plus grande, qu’elle est l’oeuvre de la folie, et non de la fortune. C’est là ce dont vous vous garderez si vous êtes sages : vous ne verrez aucun déshonneur à céder à une grande puissance, modérée dans ses prétentions, qui vous offre son alliance avec jouissance de votre territoire, à la condition d’un tribut; quand vous avez le choix entre la guerre et votre sûreté, vous ne serez pas jaloux de prendre le plus mauvais parti. Car ne pas céder à ses égaux, être prudent avec les forts, modéré avec les faibles, c’est mettre de son côté les chances les plus favorables. Réfléchissez donc encore quand nous nous serons retirés; songez plus d’une fois que
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vous délibérez sur votre patrie, que vous n’avez qu’elle seule, et qu’une seule délibération, favorable ou funeste, va en décider. »

CXII. Les Athéniens quittèrent alors la conférence. Les Méliens, restés seuls, prirent une décision conforme au langage qu’ils avaient tenu, et firent cette réponse : « Athéniens, rien n’est changé à notre première résolution : nous ne nous laisserons pas ravir en un moment la liberté d’une ville que nous habitons déjà depuis sept cents ans; mais, confiants dans les dieux et dans les hommes, dans la fortune qui nous a conservés libres jusqu’à ce jour, et dans le secours des Lacédémoniens, nous essaierons de nous sauver. Nous vous demandons d’être vos amis et de garder la neutralité; nous vous invitons à sortir de notre territoire moyennant un traité qui concilie les intérêts des uns et des autres. »

CXIII. Telle fut la réponse des Méliens. Les Athéniens rompirent la conférence en disant : « Vous êtes les seuls, ce semble, à en croire ces résolutions, qui jugiez l’avenir plus clair que ce qui est sous vos yeux, et qui considériez comme déjà réalisé, parce que vous le voulez ainsi, ce qui n’apparaît pas encore. Vous avez tout risqué, tout confié aux Lacédémoniens, à la fortune et à l’espérance, et vous allez tout perdre. »

CXIV. Les ambassadeurs athéniens retournèrent au camp; et les généraux, voyant que les Méliens ne voulaient rien entendre, se disposèrent aussitôt à commencer les hostilités. Ils distribuèrent les travaux entre les différentes villes et entourèrent Mélos d’une circonvallation. Puis ils laissèrent des troupes prises parmi les Athéniens et les alliés, pour bloquer la place

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par terre et par mer, et s’en retournèrent avec la plus grande partie de l’armée. Ceux qui restèrent tinrent la place investie.

CXV. Vers le même temps, les Argiens envahirent le territoire de Phlionte; mais, surpris dans une embuscade par les Phliasiens et leurs propres bannis, ils perdirent environ quatre-vingts des leurs. Les Athéniens de Pylos firent sur les Lacédémoniens un butin considérable; les Lacédémoniens, de leur côté, répondirent à cette attaque par des hostilités, sans pourtant considérer le traité comme rompu, et proclamèrent qu’il était loisible à tout Lacédémonien de piller les Athéniens. Les Corinthiens prirent aussi les armes contre les Athéniens, pour quelques différends particuliers : le reste du Péloponnèse se tint en repos. Les Méliens attaquèrent la nuit et emportèrent la partie de l’enceinte athénienne du côté du marché[*](Ces mots s’appliquent mieux au camp qu’à la ville elle-même; il y avait dans chaque camp un marché, et les Méliens devaient attaquer de ce côté pour se procurer des vivres.); ils tuèrent quelques hommes, emportèrent le plus qu’ils purent de vivres et d’objets de première nécessité, et rentrèrent dans la place où ils se tinrent en repos. Les Athéniens firent dès lors meilleure garde, et l’été finit.

CXVI. L’hiver suivant, les Lacédémoniens se disposèrent à envahir le territoire d’Argos; mais les sacrifices faits sur les frontières avant l’entrée en campagne n’ayant pas été favorables, ils se retirèrent. Les Argiens, aussitôt qu’ils connurent ces projets hostiles, avaient arrêté quelques-uns des leurs comme suspects; d’autres prirent la fuite.

Vers la même époque, les Méliens enlevèrent une [*](1 Ces mots s’appliquent mieux au camp qu’à la ville elle-même; il y avait dans chaque camp un marché, et les Méliens devaient attaquer de ce côté pour se procurer des vivres.)

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autre partie de l’enceinte où les Athéniens n’avaient que peu de gardes. Mais, après cette surprise, une nouvelle armée arriva d’Athènes, sous le commandement de Philocratès, fils de Déméas, et le siége fut alors poussé vigoureusement. Une trahison eut lieu à l’intérieur et les habitants s’en remirent à la discrétion des Athéniens. Ceux-ci tuèrent tous les hommes en état de porterles armes qui leur tombèrent entre les mains, et réduisirent en esclavage les enfants et les femmes. Plus tard, ils s’établirent eux-mêmes dans la ville et y envoyèrent une colonie de cinq cents hommes.

I. Le même hiver, les Athéniens résolurent de descendre de nouveau en Sicile, avec des armements plus considérables que ceux de Lachés et d’Eurymédon, et de la soumettre, s’il, était possible. La plupart d’entre eux ignoraient la grandeur de l'ile, le nombre de ses habitants, Grecs et Barbares; ils ne soupçonnaient pas que la guerre qu’ils allaient entreprendre ne le cédait que de bien peu en importance à celle du Péloponnèse. En effet, le périple de la Sicile n’est guère de moins de huit jours pour un vaisseau de transport; et cette Ile si vaste n’est séparée du continent que par un bras de mer de vingt stades[*](Environ 3,700 mètres. La pins petite distance est un peu moindre que ne le dit Thucydide.).

II La Sicile fut anciennement habitée; voici l’énumération de tous les peuples qui l’occupèrent : Les premiers habitants furent, dit on, les Cyclopes et les Lestrigons établis dans une partie de l’île. Je ne saurais dire ni leur origine, ni d’où ils vinrent, ni où ils se retirèrent; il faut se contenter de ce qu’én ont raconté les poëtes et de ce que chacun en sait. Après eux, les [*](1 Environ 3,700 mètres. La pins petite distance est un peu moindre que ne le dit Thucydide.)

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Sicanes paraissent y avoir les premiers formé des établissements, Ils leur seraient même antérieurs, à les en croire, puisqu’ils se prétendent autochlhones; mais la vérité est que ce sont des Ibères[*](Ce témoignage est confirmé par celui de Philistus, cité par Diodore, et d’Éphorus.), chassés par les Ligyens des bords du fleuve Sicanos[*](En l’absence de tout témoignage positif, la position de ce fleuve ne peut être exactement déterminée.), en Ibérie. L’île, nommée jusque-là Trinacrie, fut alors appelée, de leur nom, Sicanie. Ils occupent encore aujourd’hui la partie occidentale de la Sicile.

Après la prise d’Ilion, quelques Troyens échappés aux Grecs abordèrent en Sicile, s’établirent sur les confins des Sicanes et prirent en commun le nom d’Élymes; leurs villes sont Éryx et Égeste. A côté d’eux s’établirent aussi, au retour de Troie, quelques Phocéens qui, jetés d’abord par la tempête en Libye, passèrent de là en Sicile. Les Sicèles passèrent d’ltalie, où ils habitaient, en Sicile, pour fuir les Opiques. On dit, et il est vraisemblable qu’ils firent la traversée sur des radeaux, en profitant du moment où le vent souffle de terre; peut-être aussi y abordèrent-ils de quelque autre façon. Aujourd’hui encore il se trouve des Sicèles en Italie, et cette contrée même fut ainsi appelée d’un certain Italos, roi des Sicèles. Arrivés en Sicile avec des forces considérables, ils vainquirent dans un combat les Sicanes, les refoulèrent vers le sud et l’ouest de l’île et substituèrent au nom de Sicanie celui de Sicélie. A partir de cette invasion jusqu’à l’arrivée des Grecs en Sicile, ils restèrent maîtres de la plus riche partie du pays, l’espace d’environ trois cents ans. En- [*](1 Ce témoignage est confirmé par celui de Philistus, cité par Diodore, et d’Éphorus.) [*](* En l’absence de tout témoignage positif, la position de ce fleuve ne peut être exactement déterminée.)

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core aujourd’hui ils possèdent le centre et le nord de l'île. Des Phéniciens formèrent aussi des établissements tout autour de la Sicile; ils occupèrent des promontoires et' des îlots situés près du rivage, en vue du commerce avec les Sicèles. Mais quand les Grecs vinrent à leur tour y aborder en grand nombre, ils Abandonnèrent la plupart de ces établissements, et se concentrèrent à Motye, à Soloïs et à Panorme, dans le voisinage des Élymes, sur l’alliance desquels ils comptaient; un autre motif était que cette partie de la Sicile n’est séparée de Carthage que par une fort courte traversée.

Tels sont les peuples barbares qui habitèrent la Sicile et les établissements qu’ils y formèrent.

III. Parmi les Grecs, les Chalcidiens, les premiers, passèrent d’Eubée en Sicile, et fondèrent, sous la conduite de Thouclès, la ville de Naxos[*](Naxos était située à peu de distance de la colline où fut bâtie plus tard Tauroménium (Taormina).), ainsi que l’autel d’Apollon Archégétès, qui est maintenant hors de la ville[*](Appien, contemporain des Antonins, parle de cette statue (Guerre civile, liv. v) comme existant encore de son temps.) : c’est sur cet autel que les théores, envoyés hors de la Sicile, font leur premier sacrifice. L’année suivante, Archias, l’un des Héraclides, parti de Corinthe, fonda Syracuse. Il chassa d’abord les Sicèles de l’île[*](L’île Ortygie.) où est aujourd’hui la ville intérieure, maintenant reliée à la terre ferme; par la suite des temps une muraille y réunit la ville extérieure, qui devint ellemême très-populeuse. Thouclès et les Chalcidiens, partis de Naxos cinq ans après la fondation de Syracuse, [*](1 Naxos était située à peu de distance de la colline où fut bâtie plus tard Tauroménium (Taormina).) [*](2 Appien, contemporain des Antonins, parle de cette statue (Guerre civile, liv. v) comme existant encore de son temps.) [*](3 L’île Ortygie.)

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combattirent les Sicèles, les chassèrent, et fondèrent Léontium, puis Catane. Les Catanéens choisirent euxmêmes[*](Ordinairement c’était la mère-patrie qui désignait le chef de la colonie.) Évarchos pour fondateur de leur colonie.

IV. Vers le même temps encore, Lamis arriva en Sicile à la tête d’une colonie de Mégariens et fonda, sur le fleuve Pantacyas, un établissement du nom de Trotilos; mais il l’abandonna ensuite, se mêla quelque temps à la colonie de Léontium et, chassé par les Chalcidiens, alla fonder Thapsos. Après sa mort, ses compagnons, chassés de Thapsos, allèrent, sous la conduite d’un roi sicèle nommé Hyblon, qui leur livra son pays, fonder Mégarée[*](A peu de distance au nord de Syracuse.), surnommée Hybléenne. Après une occupation de deux cent quarante-cinq ans, ils furent chassés de la ville et du pays par Gélon, tyran de Syracuse; mais, antérieurement à cette expulsion et cent ans après leur établissement, ils avaient envoyé Pamillos fonder Sélinonte. Pamillos vint de Mégare[*](11 s’agit ici de Mégare en Grèce.), leur métropole, pour présider à la colonisation.

Antiphémos de Rhodes et Entimos de Crète amenèrent une colonie et fondèrent en commun Géla, quarante-cinq ans après la fondation de Syracuse. Cette ville prit son nom du fleuve Géla; mais l’emplacement où est maintenant la citadelle, c’est-à-dire la ville primitive, s’appelle Lindii. Les institutions furent celles des Doriens[*](Le gouvernement aristocratique, tempéré par quelques institutions démocratiques.). Environ cent huit ans après leur établissement en Sicile, ceux de Géla fondèrent Agri- [*](1 Ordinairement c’était la mère-patrie qui désignait le chef de la colonie.) [*](3 A peu de distance au nord de Syracuse.) [*](3 11 s’agit ici de Mégare en Grèce.) [*](* Le gouvernement aristocratique, tempéré par quelques institutions démocratiques.)

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gente[*](LesSicanes avaient déjà sur ce point une ville nommée Camicos, dont parle Hérodote, et qui parait s’être confondue avec Agrigente.), à laquelle le fleuve Acragas donna son nom. Ils choisirent pour fondateurs Aristonoüs et Pystilos, et lui donnèrent les institutions de Géla.

Zancle fut originairement fondée par des pirates venus de Cyme, ville chalcidique de lOpicie[*](L’Opicie s’étendait sur les côtes de la mer Tyrrliénienne, au midi du Tibre, jusqu’à rCEnotrie.). Plus tard, une foule de nouveaux habitants arrivèrent de Chalcis et du reste de l’Eubée, et se partagèrent le pays qu’ils colonisèrent, sous la conduite de Périérès et de Cratéménès, l’un de Cyme, l’autre de Chalcis. C’étaient Les Sicèles qui avaient d’abord donné à la ville le nom de Zancle, parce que l’emplacement a la figure d’une faux et qu’ils appellent la faux Zanclon. Eux-mêmes furent expulsés ensuite par les Samiens et d’autres Ioniens qui, fuyant devant'les Mèdes, vinrent aborder en Sicile. Les Samiens furent chassés à leur tour, peu de temps après, par Anaxilas, tyran de Rhéges, qui établit dans la ville une population mêlée, et l’appela Messène, du nom de son ancienne patrie.