History of the Peloponnesian War
Thucydides
Thucydides. Histoire de la Guerre du Péloponnése, Vol. 1-2. Zévort, Marie Charles, translator. Paris: Charpentier, 1852.
IV. Les Thébains, dès qu’ils se virent trompes, se concentrèrent, firent face de tous côtés aux attaques, et les repoussèrent deux ou trois fois ; mais quand
V. D’autres Thébains étaient en marche, et tout un corps d’armée devait arriver avant la fin de la nuit, pour appuyer ceux qui étaient entrés, s’ils rencontraient quelque difficulté. Ils reçurent en chemin la nouvelle de ce qui s’était passé, et continuèrent à avancer au secours des leurs. Platée est à quatre-vingt-dix stades de Thèbes ; la pluie qui survint la nuit retarda leur marche ; le fleuve Asopus se gonfla et devint difficile à traverser. Ils cheminèrent sous la pluie, ne passèrent le fleuve qu'avec peine, et arrivèrent trop tard ; déjà les leurs étaient ou tués, ou prisonniers. A cette nouvelle, les Thébains songèrent à un coup de main contre ceux des Platéens qui étaient hors de la ville ; car naturellement beaucoup d’habitants, ne pouvant prévoir cette surprise en pleine paix, étaient à la campagne avec leurs effets. Les Thébains voulaient faire quelques prisonniers qui leur répondissent de leurs compatriotes enfermés dans la ville, s’il y en avait à qui on eût laissé la vie. Tel était leur dessein : ils délibéraient encore quand les Platéens, soupçonnant leurs projets et inquiets pour ceux qui étaient au dehors, envoyèrent un héraut leur déclarer que leur tentative sur Platée, en pleine paix, était une violation des lois les plus sacrées ; qu’ils eussent à ne faire aucun mal à ceux du dehors, s’ils ne voulaient que les Platéens missent à mort les
VI. Cela fait, ils envoyèrent un messager à Athènes, rendirent aux Thébains leurs morts par convention, et firent dans la ville toutes les dispositions que parurent exiger les circonstances. Les Athéniens apprirent bientôt ce qui avait eu lieu à Platée, et sur-le-champ ils arrêtèrent tous les Béotiens qui étaient dans l’Attique. En même temps ils envoyèrent un héraut ordonner aux Platéens do ne prendre aucune décision à l’égard des Thébains prisonniers, avant que les Athéniens eussent aussi délibéré sur leur sort ; car leur mort n’avait pas encore été annoncée à Athènes. Le premier courrier étant parti au moment même de l’entrée de Thébains, et le second peu de temps après qu’ils avaient été vaincus et arrêtés, on n’y connaissait rien de ce qui s’était passé ensuite, et c’était dans cette ignorance qu’on avait expédié le message. Quand le héraut arriva, il trouva les Thébains égorgés. Les Athéniens envoyèrent ensuite des troupes à Platée· ; ils y mirent garnison et emmenèrent les hommes inutiles à la défense, ainsi que les femmes et les enfants.
VII. Après le coup de main sur Platée, la trêve était ouvertement rompue : les Athéniens sc préparèrent à la guerre ; les Lacédémoniens et leurs alliés en firent autant de leur côté. De part et d'autre on se disposa à envoyer des ambassades au roi et chez les autres barbares, partout enfin où chacun espérait obtenir des secours. En même temps ils agissaient auprès des villes en dehors de leur domination pour les rattacher à leur alliance. Les Lacédémoniens, indépendamment des vaisseaux que leur fournissaient l’Italie et la Sicile, ordonnèrent aux villes qui avaient embrassé leur parti d’en construire d’autres, en proportion de leur importance, de manière à ce que la flotte comptât en tout cinq cents vaisseaux[*](La flotte des alliés fut loin d’atteindre jamais ce chiffre.). Ils avertirent leurs alliés de préparer une somme déterminée, de se tenir d’ailleurs en repos, et de n’admettre qu’un vaisseau athénien à la fois jusqu’à ce que tous les préparatifs fussent terminés. Les Athéniens, de leur côté, firent le recensement de leurs alliés et envoyèrent de toutes parts des députés, particulièrement dans les pays qui entourent le Péloponnèse, à Corcyre, à Céphallénie, chez les Acarnanes, à Zacynthe ; car ils sentaient qu’avec l'amitié de ces peuples ils pourraient, en toute confiance, porter le ravage autour du Péloponnèse[*](Zacynthe, Céphallénie et Corcyre, situées à l’ouest de la Grèce, offraient aux Athéniens des lieux de refuge et de ravitaillement, lorsque leurs flottes faisaient le tour du Péloponnèse.).
VIII. De part et d’autre on ne formait que de vastes desseins, et on se préparait à la guerre de toutes ses forces. Cela se conçoit ; au début, on embrasse toujours avec plus d’ardeur ; et, d’ailleurs, il y avait alors,
IX. Voici les alliés qu’avait chacun des deux partis
Ceux d’Athènes étaient Chio, Lesbos, Platée, les Messéniens de Naupacte, la plus grande partie des Acarnanes, les Corcyréens, les Zacynthiens, et un grand nombre d’autres villes qui leur payaient tribut dans une foule de contrées : ainsi la Carie maritime, les Doriens limitrophes de la Carie, l’Ionie, l’Hellespont, la presqu’ile de Thrace, toutes les îles situées à l’orient entre le Péloponnèse et la Crète, toutes les autres Cyclades, à l’exception seulement de Mélos et de Théra. Chio, Lesbos et Corcyre fournissaient des navires, les autres de l’infanterie et de l’argent. Tels étaient les alliés des deux partis et les ressources dont ils disposaient pour la guerre.
X. Les Lacédémoniens, après l’affaire de Platée,
XI. « Lacédémoniens et alliés, nos pères aussi ont fait de nombreuses expéditions, soit dans le Péloponnèse, soit au dehors, et les plus âgés d’entre nous ne sont pas sans expérience de la guerre ; jamais cependant nous ne sommes entrés en campagne avec un plus formidable appareil ; mais, si nous sommes nombreux et pleins de bravoure, la ville contre laquelle nous marchons a aussi une très grande puissance. Il est donc juste que nous ne nous montrions ni inférieurs à nos ancêtres, ni au-dessous de notre propre gloire. Songez que cette entreprise tient en suspens toute la Grèce attentive. Toutes les pensées sont fixées sur nous, et chacun, en haine des Athéniens, fait des voeux ardents pour nos succès. Il ne faut pas, toutefois, dans la pensée que nous marchons en nombre et qu’il est peu à craindre que l’ennemi ose se mesurer avec nous, avancer, pour cela, avec moins de prudence et de précaution : généraux et soldats de chaque ville, chacun de son côté doit, au contraire, s’attendre toujours à tomber en quelque péril ; car l’imprévu règne à la guerre, et
« Puisque nous allons combattre une aussi puissante république, dans une entreprise qui doit couvrir de gloire et nos ancêtres et nous-mêmes, marchez où l’on vous conduira, dans la bonne et la mauvaise fortune, suivant les événements ; mettez au-dessus de
XII. Après ces paroles, Archidamus congédia l’assemblée. Il envoya d’abord à Athènes le Spartiate Mélésippus, fils de Diacritus, afin de savoir si les Athéniens, voyant l’armée déjà en marche, seraient plus traitables. Mais ils ne l’admirent ni à l’assemblée, ni même dans la ville. Conformément à l’avis de Périclès, ils avaient précédemment décidé de ne recevoir ni héraut, ni députés, du moment où les Lacédémoniens seraient en campagne. Ils le renvoyèrent donc sans l’entendre, et lui signifièrent d’être hors des frontières le jour même, ajoutant que les Lacédémoniens devaient d’abord rentrer chez eux, et alors seulement envoyer des ambassadeurs, s’ils voulaient présenter quelque réclamation. On fit accompagner Mélésippus , pour qu’il ne communiquât avec personne ; arrivé à la frontière et sur le point de quitter ses conducteurs, il ne prononça que ces paroles : « Ce jour sera pour les Grecs le commencement de grands malheurs ; » puis il continua sa route.
Lorsqu’il fut de retour, Archidamus, voyant que les Athéniens ne feraient aucune concession, se décida à lever le camp et à marcher vers l’Attique. Les Béotiens, qui avaient fourni aux Lacédémoniens, pour l’expédition commune, leur contingent en cavalerie, entrèrent avec le reste de leurs forces sur le territoire de Platée et le ravagèrent.
XIII. Les Péloponnésiens, rassemblés sur l’isthme,
Après les motifs de confiance tirés de leurs richesses, il passa à l’énumération des troupes : il y avait treize mille hoplites, non compris seize mille hommes dans
Telles étaient les ressources des Athéniens, — et le reste en proportion, — à l’époque où les Péloponnésiens se disposèrent à envahir l’Attique et où la guerre fut déclarée. Périclès ajouta encore d’autres réflexions, suivant sa coutume, pour leur prouver qu’ils auraient l'avantage dans la guerre.
XIV. Les Athéniens, persuadés par ses discours, transportèrent à la ville leurs enfants, leurs femmes, et tous les objets à leur usage qui garnissaient les
XV. Depuis les temps les plus reculés, cet usage avait prévalu surtout chez les Athéniens. Sous Cécrops et les premiers rois, jusqu’à Thésée, les habitants de l’Attique étaient disséminés dans des bourgades, qui avaient chacune leurs prytanées[*](Le prytanée était originairement la maison commune, le siége de l’administration locale. C’était là, suivant le scoliaste de Thucydide, que se conservait le feu sacré.) et leurs archontes. Lorsqu’il n’y avait aucun danger à redouter, on ne se réunissait pas auprès du roi pour délibérer en commun : chaque bourgade se gouvernait et délibérait à part. On allait même quelquefois jusqu’à faire la guerre au roi ; par exemple, les Éleusiniens, qui s’u- nirent avec Eumolpus, pour combattre Érechtée. Tout changea sous le règne de Thésée : ce prince, qui joignit la puissance à la sagesse, donna au pays une plus forte organisation, et, en particulier, abolit les conseils et les magistratures des bourgades ; il établit un seul conseil, un seul prytanée, dans la ville actuelle, y rassembla tous les citoyens et les contraignit à habiter exclusivement cette ville, tout en laissant chacun administrer ses biens comme auparavant. Tout venant dès lors aboutir à Athènes, elle avait déjà pris un rapide accroissement lorsque Thésée la transmit à ses successeurs. C’est à cette époque que fut établie à
XVI. Ainsi les Athéniens vécurent longtemps à la
XVII. Arrivés dans Athènes, peu d’entre eux y avaient des habitations ; quelques-uns trouvèrent un refuge chez des amis ou des parents ; la plupart s’établirent dans les lieux inhabités, dans les temples, les chapelles des héros, partout enfin, excepté à l’acropole, à l'Éleusinium[*](Temple de Cérès, où se tenaient les assemblées du peuple.) et dans quelques autres édifices solidement fermés. Il n'y eut pas jusqu'au lieu appelé Pélas- gicon, au-dessous de l'acropole, qui ne fût occupé, vu l'urgence du moment ; et cependant ce lieu était maudit[*](C’était de ce lieu que les Pélasges avaient attaqué Athènes ; après leur expulsion, il avait été défendu de l’habiter.) ; il était défendu de l’habiter, et la fin d’un vers de la pythie l’interdisait en ces termes : « Il vaut mieux que le Pélasgicon soit désert. » Du reste, l’oracle me paraît s’être accompli en sens inverse de ce qu'on attendait : car ce n’est pas parce qu’on profana ce lieu
En même temps les Athéniens préparaient leurs armements ; ils rassemblaient leurs alliés et équipaient une flotte de cent vaisseaux destinée à agir contre le Péloponnèse. Ils en étaient là de leurs pré- paratifs.
XVIII. L’armée des Péloponnésiens s’avançait ; la première ville de l’Attique qu’ils rencontrèrent fut oenoé[*](Petite place forte, sur la route d'Éleusis à Thèbes ; aujourd'hui Giffo Castro, suivant Stanhope et Bloomfield.), qui devait servir de base à l’armée d’invasion. Après avoir assis leur camp, ils se disposèrent à battre les remparts avec des machines et à faire un siége en règle. Car oenoé, située sur les confins de l’Attique et de la Béotie, était fortifiée et servait de place forte en temps de guerre. Les Lacédémoniens préparèrent donc leurs moyens d’attaque et perdirent ainsi un temps précieux autour de cette place. Ce ne fut pas là un des moindres griefs contre Archidamus ; on trouvait qu’il avait montré de la mollesse à réunir les alliés, lorsqu’il s’agissait de décider la guerre et qu’il s’était montré favorable aux Athéniens en ne conseillant
XIX. Cependant, après avoir inutilement attaqué oenoé et tout mis en oeuvre sans pouvoir s’en rendre maîtres, sans même que les Athéniens fissent faire de propositions, les Lacédémoniens levèrent le siége et envahirent l’Attique, quatre-vingts jours après la tentative des Thébains sur Platée. On était alors au fort de l’été et au moment de la moisson[*](Vers le milieu de juin. L’éclipse de soleil dont il est question plus loin eut lieu le 3 août, après le départ des Lacédémoniens, qui ne peuvent guère être restés moins d’un mois.). Archidamus, fils de Zeuxidamus, roi des Lacédémoniens, commandait. Ils campèrent d’abord à Éleusis et dans la plaine de Thria[*](Probablement la plage qui s’étend le long de la mer, à l’ouest d’Éleusis.), ravagèrent cette plaine, et remportèrent une sorte d’avantage sur la cavalerie athénienne, vers le lieu nommé Rhité[*](Les Ruisseaux ; ce sont deux petits cours d’eau dans la plaine de Thria.). Ensuite ils s’avancèrent à travers la
XX. Voici, dit-on, dans quel but Archidamus resta, pendant cette invasion, en ordre de bataille aux environs d’Acharné, sans descendre dans la plaine. Il espérait que les Athéniens, avec leur nombreuse et florissante jeunesse, leur appareil militaire plus imposant que jamais, viendraient à sa rencontre, et ne se contiendraient pas à la vue de leur territoire ravagé. Comme ils ne s’étaient présentés pour combattre ni à Éleusis, ni à la plaine de Thria, il faisait une nouvelle tentative et campait à Acharné dans le dessein de les y attirer. L’endroit lui semblait favorable pour asseoir son camp ; d’ailleurs, il était probable que les Acharnéens, formant une partie considérable de la population (puisqu’ils fournissaient trois mille hoplites), ne laisseraient pas ravager leurs terres, et qu’avec eux toute l’armée sortirait pour combattre. Que si les Athéniens laissaient cette invasion s’accomplir sans sortir de la ville, on pourrait dès lors ravager la plaine avec beaucoup plus de sécurité, et s’avancer jusque sous les murs d’Athènes ; car les Acharnéens, une fois dépouillés de leurs biens, ne devaient plus s’exposer avec la même ardeur pour défendre ceux des autres, et la discorde pénétrerait dans les esprits. Ces considéra- tions déterminèrent Archidamus à demeurer autour d’Acharné.
XXI. Tant que l’armée était restée aux environs d’Éleusis et de Thria, les Athéniens avaient pu garder quelque espoir qu’elle ne s’avancerait pas plus près d’eux. Ils se rappelaient que Plistoanax, fils de Pausa- nias, roi des Lacédémoniens, lorsqu’il avait envahi l’Attique, quatorze ans avant cette guerre, s’était avancé avec son armée jusqu’à Éleusis et à Thria, et de là était retourné en arrière, sans pousser plus loin. (Il avait même été exilé de Sparte, sous prétexte qu’il s’était fait acheter cette retraite à prix d’argent.) Mais lorsqu’ils virent l’armée à Acharné, à soixante stades de la ville, leur irritation ne connut plus de bornes. Le spectacle de leurs campagnes ravagées sous leurs yeux, chose que les jeunes gens n’avaient jamais vue, dont les vieillards mêmes n’avaient pas été témoins depuis la guerre médique, leur parut intolérable, et cela se conçoit : tous voulaient, les jeunes gens surtout, sortir de la ville, et ne pas laisser cet outrage impuni. On se formait en groupes, on disputait vivement ; les uns voulaient aller à l’ennemi ; d’autres, mais en petit nombre, s’y opposaient. Les devins chantaient des oracles de tout genre que chacun écoutait suivant les passions qui l’agitaient. Les Acharnéens, qui se croyaient une portion notable du peuple athénien, voyant leur territoire ravagé, insistaient surtout pour une sortie. La ville était profondément agitée en tout sens : on s’indignait contre Périclès[*](Parmi les détracteurs de Périclès, Plutarque cite Cléon, le fameux démagogue, si souvent bafoué par Aristophane,) ; on avait oublié tous ses conseils précédents ; on lui faisait un crime de ne pas vouloir, lui général, mener les troupes à l’ennemi ;
XXII. Périclès, voyant les Athéniens aigris par leur situation, et dans une disposition d’esprit qui ne leur permettait pas de juger sainement, persuadé d’ailleurs qu'il avait raison de s’opposer à la sortie, ne convoqua ni assemblée, ni réunion d'aucun genre. Il craignait qu'une fois réunis ils ne cédassent à la colère plus qu'à la prudence et ne commissent quelque faute. Il se contentait donc de garder la ville et d’y maintenir autant que possible la tranquillité. Cependant il faisait sortir constamment de la cavalerie, afin d’empêcher les coureurs ennemis de s’écarter de l’armée pour tomber sur les champs voisins de la ville et les dévaster. Il y eut à Phrygia un léger engagement entre des cavaliers athéniens soutenus par les Thessaliens, et un parti de cavalerie béotienne. Les Athéniens et les Thessaliens se soutinrent sans désavantage jusqu’au moment où des hoplites venus au secours des Béotiens les mirent en déroute. Ils perdirent un petit nombre d’hommes et purent, malgré cet échec, enlever leurs morts le jour même, sans convention. Les Péloponnésiens élevèrent un trophée le lendemain.
Les Thessaliens avaient secouru les Athéniens en vertu d’une ancienne alliance. Ils venaient de Larisse, de Pharsale, de Parasos, de Cranon, de Pirasos, de Gyrtone et de Phères. Ceux de Larisse étaient commandés par Polymède et Aristonoüs, tous deux de factions différentes[*](L’un, chef de la (action oligarchique, l'autre de la faction populaire.) ; ceux de Pharsale par Ménon ;
XXIII. Les Lacédémoniens, voyant que les Athéniens ne sortaient pas pour les combattre, levèrent le camp d’Acharné et ravagèrent quelques autres dèmes entre les monts Parnès[*](C’était la montagne la plus élevée de l’Attique ; elle s’étendait du pied du Pentélique à la plaine de Thria. Pausanias dit (i, 32) qu’on y chassait le sanglier et l’ours. — Aujourd’hui Nozia.) et Brilessos[*](Aujourd’hui Tourko Bouni.). Pendant qu’ils étaient ainsi sur le territoire de l’Attique, les Athéniens envoyèrent autour du Péloponnèse les cent vaisseaux qu’ils avaient équipés. Mille hoplites et trois cents archers les montaient, sous le commandement de Carcinus fils de Xénotimus, de Protée fils d’Épiclès, et de Socrate fils d’Antigène. Ils mirent à la voile, et allèrent avec ces forces croiser autour du Péloponnèse.
Les Péloponnésiens, après être restés en Attique aussi longtemps qu’ils eurent des vivres, opérèrent leur retraite par la Béotie, en suivant une autre route que celle par laquelle ils étaient venus. En passant par Oropos[*](Sur les confins de la Béotie, à peu de distance de la mer ; aujourd’hui Oropo. La plaine appelée Pyraïque était située entre Oropas et Tanagre.), ils ravagèrent la plaine appelée Pyraïque, habitée par les Oropiens, sujets des Athéniens. De re- tour dans le Péloponnèse, ils se séparèrent et chacun rentra dans son pays.