History of the Peloponnesian War
Thucydides
Thucydides. Histoire de la Guerre du Péloponnése. Bétant, Élie-Ami, translator. Paris: Librairie de L. Hachette, 1863.
Quelques instants avant la rencontre, les généraux des deux armées exhortèrent leurs soldats. Aux Mantinéens ils rappelèrent qu’ils allaient combattre pour la patrie, comme aussi pour l’empire ou pour l’esclavage ; qu’il s'agissait pour eux de conserver la jouissance de l’un et de ne pas retomber dansl’autre. Aux Argiens, qu’ils devaient reprendre leur ancienne suprématie, reconquérir la possession, jadis égale, du Pélopo-nèse, et tirer vengeance de voisins mal intentionnés. Aux Athéniens, qu’ils étaient glorieux, en combattant au milieu de tant et de si braves alliés, de ne le céder à personne en vaillance; qu’une fois vainqueurs des Lacédémoniens dans le Péloponèse, ils étendraient, ils affermiraient leur domination, et n’auraient plus à redouter d’invasion étrangère. Telles furent les exhortations adressées aux Argiens et à leurs alliés. Les Lacédémoniens, en hommes de courage, s’excitaient individuellement et tous ensemble, par des chants guerriers [*](Ces chants de guerre étaient sans doute du genre des anapestes (μέλη ἐμβατήρια) du poète Tyrtée, dont quelques vers nous ont été conservés; mais nullement de ses élégies. ), à se souvenir de l’instruction qu’ils avaient reçue. Ils savaient qu’un
Ensuite les deux armées s’ébramlèrent. Les Argiensd leurs alliés s’avançèrent à pas accélérés et avec véhéraencer tes Lacédémoniens lentement et au son d’un grand nombre de flûtes [*](Les Spartiates étaient les seuls Grecs qui se servissent de flûtes comme musique militaire. Les Crétois marchaient au son des lyres; les autres Grecs avaient généralement des trompettes, dont l’invention est attribuée aux Tyrrhéniens. Ce qui a pu faire naître l’opinion que c’était, chez les Lacédémoniens, un usage religieux, c’est qu’à Sparte les auîètes ou joueurs de flûte formaient une corporation composée de certaines familles, comme les prêtres et les devins. ) ; ce qui n’est point un usage religieux, mais ua moyen de régler leur marche par la cadence et d’éviter que leur ligne ne se rompe, comme il advient fréquemment aux grands corps d’armée allant à l’ennemi.
On était encore en marche, lorsque le roi Agis employa la manoeuvre suivante. En général, dans les rencontres, les armées sont sujettes à obliquer sur la droite, en sorte que, de part et d’autre, on déborde la gauche de l’ennemi. Cela tient à ce que chacun tâche instinctivement d’abriter la partis démasquée de son corps derrière le bouclier de son voisrâ, et qu’on espère être mieux protégé en ne laissant aucun vide. Cette déviation est occasionnée par le guide de droite, qui cherche toujours à dérober aux ennemis le flanc non couvert par le bouclier; les autres suivent par l’effet de la même crainte· En cette journée, les Mantinéens débordaient de beaucoup Fade des Scirites, tandis que les Lacédémoniens et les Tégéates, vn leurs supériorité numérique, débordaient encore plus les Athéniens. Agis, craignant donc que sa gauche Ue fût tournée, et trouvant que les Mantinéens s’étendaient trop, enjoignit aux Scirites et aux soldats de Brasidas de se détacher du corps de bataille pour aller se placer en face des Mantinéens. En même temps il prescrivit aux polémarques Hipponoïdas et Aristoelès de prendre deux bataillons et de fermer la brèche. H pensait que sa droite n’en serait pas trop affaiblie et que l’aile opposée aux Mantinéens gagnerait en solidité.
Mais l’ordre ayant été donné avec précipitation et an moment de la rencontre, Aristoelès et Hipponoïdas refusèrent d’obéir; ce qui plus tard lès fit exiler de Sparte comme coupables de lâcheté. Aussi les ennemis eurent-ils le temps de commencer l’attaque; et, lorsque Agis, voyant que lès deux bataillons ne se portaient pas vers les Scirites, eut rappelé ces derniers à leurposte, il ne leur fut plus possible de le reprendre ni de combler le vide. Mais si, en cette occasion, les Lacédé-moniens se montrèrent à tous égards inférieurs en tactique, ils se relevèrent par leur valeur. Quand le combat fut engagé, l'aile droite où étaient les Mantinéens culbuta lès· Scirites et tes
Ce point enfoncé, l’armée des Argiens et de leurs alliés se trouva coupée en deux. Pendant ce temps, l’aile droite des Lacédémoniens et des Tégéates tourna les Athéniens qu’elle débordait, et les mit dans une fâcheuse situation, car ils étaient cernés d’un côté et rompus de l’autre. De toute l’armée ils auraient eu le plus à souffrir, sans l’appui de leur cavalerie. Mais par bonheur Agis, apprenant la défaite de son aile ganche opposée aux Mantinéens et aux mille Argiens, ordonna à toute l’année de se rabattre à son secours. Ce mouvement dégagea les Athéniens et leur permit d'effectuer à leur aise leur retraite, de concert avec les Argiens vaincus. Dès lors les Mantinéens, leurs alliés et les Argiens d’élite ne songèrent plus à presser l’ennemi ; mais, voyant la déroute des leurs et l’approche des Lacédémoniens, ils se mirent en fuite. Les Mantinéens perdirent beaucoup de monde; les Argiens d’élite s’échappèrent pour la plupart. Du reste la fuite et la retraite ne furent ni violentes ni prolongées ; car les Lacédémoniens ont pour principes de combattre obstinément et de pied ferme tant que Tenuem résiste; mais, une fois la fuite déclarée, leur poursuite dure peu et ne s’étend pas loin.
Telles furent, à peu de chose près, les particularités de cette bataille, la plus sanglante que les Grecs se fussent livrés depuis longtemps, et à laquelle concoururent les villes les plus importantes. Les Lacédémoniens, après s’étre rangés en avant des ennemis tués[*](Manière de constater la victoire et la possession du champ de bataille, en forçant lés ennemis à demander une trêve pour l’enlèvement de leurs morts. Voyez liv. IV, chap. xcvii. ), érigèrent sur-le-champ uu trophée et dépouillèrent les cadavres. Ils relevèrent leurs propres morts, les rapportèrent à Tégée pour leur donner la sépulture, etrendirent par composition ceux de l’ennemi. Il périt en cette
Peu avant la bataille, Plistoanax, second roi de Lacédémone, partit de cette ville avec un renfort composé des plus jeunes et des plus vieux citoyens; mais, parvenu à Tégée, il apprit la victoire d’Agis et rebroussa chemin. Les Lacédémoniens firent contremander les Corinthiens et les alliés d’en dehors de l’Isthme. Comme on était dans le mois Caméen, eux-mêmes se retirèrent, après avoir licencié leurs alliés, et allèrent célébrer les fêtes. Par ce seul fait d’armes, ils rachetèrent aux yeux des Grecs leur désastre de Sphactérie et se lavèrent du reproche d’irrésolution et de lenteur. On reconnut que la fortune avait bien pu les trahir, mais que par le courage ils étaient toujours les mêmes.
La veille de cette action, les Épidauriens en masse avaient envahi l’Argolide qu’ils croyaient sans défense, et avaient massacré une bonne partie des hommes laissés par les Argiens à la garde du pays. Mais les Mantinéens ayant été renforcés après la bataille par trois mille hoplites d'Élis et par une nouvelle troupe de mille Athéniens, ces forces réunies se portèrent incontinent contre Ëpidaure, pendant que les Lacédémoniens célébraient les fêtes Carnéennes. Ils se mirent à investir la ville en se partageant les travaux; mais ils ne tardèrent pas à y renoncer. Les Athéniens seuls achevèrent leur tâche, et fortifièrent la pointe où se trouve le temple de Junon[*](Pausanias (II, xxix) : a Le temple qui est près du port (d’Épidaure), sur un promontoire qui s’avance dans la mer, est celui de Junon.» ). Cet ouvrage terminé, on y plaça une garnison de toutes les troupes alliées, et chacun regagna ses foyers. Sur quoi Pété finit.
Dès les premiers jours de Phiver suivant, les Lacédémoniens, après les fêtes Carnéennes, se remirent en campagne; et, s’étant avancés jusqu’à Tégée, ils firent porter à Argos des paroles d’accommodement. Il y avait dans cette ville des hommes qui leur étaient dévoués et qui désiraient abolir le régime démocratique. L’issue de la bataille leur fournit une occasion excellente d'amener la multitude à des vues de conciliation. Leur plan était de ménager avec Lacédémone d’abord une trêve, puis une alliance, et de s’attaquer ensuite au gouvernement populaire. Lichas, fils d’Arcésilaos, proxène des Argiens, se rendit à Argos avec mission des Lacédémoniens.
Il était porteur de deux propositions différentes, selon qu’ils opteraient pour la guerre ou pour la paix. Malgré l’opposition d’Alcibiade qui se trouvait alors à Argos, les partisans de Lacédémone, devenus plus audacieux, persuadèrent au peuple d’accepter les ouvertures pacifiques. Elles étaient conçues en ces termes :
« L’assemblée des Lacédémoniens arrête de traiter avec les Argiens aux conditions indiquées ci-après [*](Le texte de ce traité et du suivant (chap. lxxix) est en dialecte dorien, tel qu’on le parlait dans le Péloponèse. Plusieurs passages sont obscurs et controversés. ).
« Les Argiens rendront aux Orchoméniens leurs enfants, aux Ménaliens leurs hommes, aux Lacédémoniens les hommes qui sont A Mantinée [*](Les enfants sont les otages mentionnés au chap. lxi; les hommes sont probablement des prisonniers de guerre. ).
« Ils sortiront du territoire d’Épidaure et détruiront les forts qu’ils y ont construits. Si les Athéniens n'évacuent pas Épidaure, ils seront ennemis d’Argos et de Lacédémone, ainsi que des alliés de ces deux États.
« Les Lacédémoniens rendront à toutes les villes ceux de leurs esclaves qu’ils peuvent avoir [*](Les esclaves fugitifs. Les États en guerre étaient les seuls qui leur donnassent asile. ).
« En ce qui concerne le sacrifice du dieu[*](D’Apollon Pythéen, sacrifice qui avait occasionné la guerre entre Argos et Épidaure. Voyez chap. uii. ), les Argiens seront libres de déférer le serment aux Ëpidauriens ou de le prêter eux-mèmes [*](Ce passage est inintelligible dans le texte reçu. Je lis : αἰ μεν λήν, τοῖς Έπιδαυρίοις ὅρκον δόμεν. αἰ δε, αὐτούς ὀμόσαι. Si placet, jusjurandum in Epidaurios transferant; sin minus, ipsi jurent.).
« Les villes du Péloponèse, grandes o;u petites, seront toutes indépendantes, conformément aux usages de nos pères.
« Si quelque peuple étranger au Péloponèse y entre à main armée, on se concertera pour le repousser, de la manière qui paraîtra la plus juste aux Péloponésiens.
« Tous les alliés de Lacédémone hors du Péloponèse seront sur le même pied que les alliés des Lacédémoniens et des Argiens, c’est-à-dire maîtres de leur propre territoire.
« Les alliés recevront notification du présent traité, pour avoir la faculté d’y souscrire. S’ils ont à faire quelque proposition, ils enverront à Lacédémone. »
Les Argiens acceptèrent ces articles. L’armée lacé-démonienne quitta Tégée pour regagner ses foyers, et les communications entre Argos et Lacédémone furent rétablies. Bientôt après, les mêmes citoyens amenèrent les Argiens à se séparer de Mantinée, d’Ëlis et d’Athènes, pour faire avec Lacédémone un traité de paix et d’alliance dont voici la teneur :
« Les Lacédémoniens et les Argiens conviennent de conclure paix et alliance pour cinquante ans aux conditions indiquées ci-après, s’engageant les uns et les autres à régler leurs différends par les voies légales, conformément aux usages de nos pères.
« Les autres villes du Péloponèse pourront se faire comprendre dans le traité de paix et d alliance, en restant indépendantes, maîtresses d’elles-mêmes et de leur territoire, à k condition de régler leurs différends par les voies légales, cat formément aux usages de nos pères.
« Les alliés des Lacédémoniens en dehors du Péloponèse seront sur le même pied que les Lacédémoniens. Les alliés des Argiens seront sur le même pied que les Argiens et maîtres de leur territoire.
« S’il est besoin de quelque expédition commune, les Lacédémoniens et les Argiens se concerteront de la manière la pins équitable pour les alliés.
« Si quelque différend, au sujet des limites ou de toute autre question, s’élève entre les villes du Péloponèse, il sera vidé à l’amiable. Si quelqu’une des villes alliées est en contestation avec une autre, toutes deux se soumettront à l’arbitrage d’on État neutre qu’elles auront choisi pour médiateur. Aux particuliers la justice sera rendue d’après les usages denos pères. »
Ainsi fut conclu ce traité de paix et d’alliance. On se restitua réciproquement les conquêtes et l’on régla les différends. Les deux peuples, faisant dès lors cause commune, décrétèrent de ne recevoir ni héraut ni ambassadeur de la part des Athéniens, que ceux-ci n’eussent évacué le Péloponèse et les forts qu'ils y avaient construits; enfin de ne faire ni la pair ni la guerre que d’un commun accord. Déployant une extrême activité en toutes choses, ils envoyèrent de concert une députation aux villes du littoral de la Thrace, ainsi qu’à Perdiccas, qu'ils parvinrent à entraîner dans leur ligue. Toutefois ce prince n’eut garde de rompre immédiatement avec les Athéniens ; mais il en conçut le projet, lorsqu’il vit l’exemple donné par la ville d’Argos, dont il tirait son origine[*](La famille royale de Macédoine descendait de l’Héraclide Téménos, roi d’Argos. Voyez liv. II, chap. xcix, notel. ). Finalement ils renouvelèrent avec les Chalcidéens leurs anciens serments et en ajoutèrent de nouveaux. Les Argiens députèrent aussi ami Athéniens pour leur demander l’évacuation du fort construit a Épidaure. Ceux-ci, considérant que leurs soldats étaient bien inférieurs en nombre au reste de la garnison, chargèrent Dé-mosthène de les ramener. A son arrivée, ce général simula des jeux gymniques, attira ainsi hors des murs la partie étrangère de la garnison, et fît ensuite fermer les portes [*](Démosthène voulait conserver aux Athéniens le fort d’Épidaure. Pour cet effet, il fallait que la garnison cessât d’être composée d’éléments étrangers, mais qu’elle fût exclusivement formée par des Athéniens. ). Plus tard les Athéniens renouvelèrent leur traité avec les Épidauriens [*](Les Épidauriens, en qualité d’alliés des Lacédémoniens, étaient compris dans te traité de paix conclu pâr cos derniers avec les Athéniens. ) et leur rendirent le fort.
Après la défection d’Argos, les Mantinéens, qui
Les Lacédémoniens et les Argiens mirent, chacun de leur côté, mille hommes sur pied pour une expédition commune. Les Lacédémoniens seuls se rendirent à Sicyone, où ils raffermirent le gouvernement aristocratique. Ensuite les deux troupes réunies allèrent à Argos pour renverser la démocratie et la remplacer par une oligarchie dévouée à Lacédémone. Ces événements se passèrent snr la fin de l’hiver et aux approches du printemps. Ainsi finit la quatorzième année de la guerre.
L’été suivant (a), les Diens du mont Athos passèrent dn parti d’Athènes dans celui des Chalcidéens. Les Lacédémoniens établirent en Achaïele fégime qui leur convint [*](C’est-à-dire un régime franchement aristocratique. Dès lors tous les Achéens prirent une part active à la guerre du Pélo-ponèse. Au commencement, les Pelléniens seuls l’avaient fait. Voyez lîv. II, chap. ix. ). A Argos, le parti populaire releva peu à peu la tête et attaqua l’oligarchie ; pour cet effet, il attendit le moment où les Lacédémoniens célébraient les Gymnopédies a. Un combat s’engagea dans la ville ; le peuple fut vainqueur, massacra une partie de ses adversaires et chassa l'autre. Les Lacédémoniens, appelés par leurs amis, se firent longtemps attendre ; enfin ils ajournèrent les Gymnopédies et se mirent en route pour Argos. Parvenus à Tégée, ils apprirent la défaite des aristocrates; et, malgré les instances des fugitifs, ils refusèrent d'aller plus loin. Us retournèrent chez eux achever les Gymnopédies.
Ensuite il arriva des députés envoyés par les Argiens de la ville et par ceux du dehors. Après de longs débats contradictoires, qui eurent lieu en présence des alliés, les Lacédémoniens donnèrent tort à ceux de la ville et résolurent de marcher contre Argos ; mais il survint des retards et des ajournements. Sur ces entrefaites, le peuple d’Argos, redoutant les Lacédémoniens et aspirant à renouer avec Athènes une alliance dont il espérait d’heureux fruits, entreprit de construire de longs murs jusqu'à la mer. U voulait par là, s'il venait à être bloqué par terre[*](Une des principales fêtes lacédémoniennes. Elle tombait sur le milieu de l’été, durait de six à dix jours, et consistait en exercices de danse, de musique et de gymnastique. C’était une occasion de grandes réjouissances à Sparte. Ces fêtes y attiraient un concours considérable , car les étrangers pouvaient y assister. ) s’assurer, avec l’aide des Athéniens, la ressource des arrivages maritimes. Quelques villes du Péloponèse avaient eu connaissance de ce projet. Toute la population d’Argos, hommes, femmes et esclaves, mit la main à l’œuvre. Athènes leur envoya des maçons et des tailleurs de pierre. C’est ainsi que l’été finit. (λ) Quinzième année de la guerre, an 447 avant J.-C.
L’hiver suivant, les Lacédémoniens, avertis de ces travaux, marchèrent contre Argos avec tous leurs alliés, sauf les Corinthiens, sous la conduite du roi Agis fils d’Archidamos. Ils avaient conservé dans Argos quelques intelligences ; mais le mouvement sur lequel ils comptaient n’eut pas lieu. En revanche, ils prirent et rasèrent les murs en construction. Ils s’emparèrent aussi d’Hysies en Argolide et mirent à mort tous les hommes libres qui tombèrent entre leurs mains ; après quoi ils se retirèrent, et chacun regagna ses foyers.
Les Argiens firent à leur tour une expédition contre Phlioute, dont ils ravagèrent le territoire. Ils en voulaient à cette ville pour avoir reçu leurs bannis ; c’est là en effet que la plupart d'entre eux avaient trouvé un asile.
Le même hiver, les Athénien? bloquèrent les côtes de la Macédoine [*](Je lis, avec la plupart des éditeurs modernes : κατέκλησαν.... Μακεδονίαν Ἀθηναῖοι, Περδίκκᾳ έπικαλοῦντες etc., au lieu de Μακεδονίας.... Περδίκκαν, ce qui signifierait qu’ils fermèrent à Perdiccas l’accès de son propre royaume. Gôller est l’auteur de cette correction, que le sens rend indispensable. Seulement il lit Μακεδονίας. ). Us ne pardonnaient pas à Perdiccas de s'être ligué avec Argos et Lacédémone, comme aussi d’avoir, à l’époque où Nicias fils de Nicératos se disposait à marcher contre Amphipolis et les Chalcidéens du littoral de la Thrace [*](Thucydide n’a pas fait mention, dans ce qui précède, de cette expédition préparée par les Athéniens contre Amphipolis, et probablement postérieure à la mort de Brasidas. ), abandonné l’alliance et occasionné par sa retraite la dispersion de l’armée. Ils le traitèrent donc en ennemi. Là-dessus Thiver se termina, ainsi que la quinzième année de la guerre.
L’été suivant (a), Alcibiade se rendit à Argos avec vingt vaisseaux. Il enleva trois cents Argiens, qui étaient encore suspects d’attachement pour Lacédémone, et les déposa dans les îles voisines qui dépendaient d’Athènes.
Les Athéniens firent une expédition contre l’île de Mélos avec trente de leurs vaisseaux, six de Ghios et deux de Lesbos. Ils avaient à bord douze cents hoplites athéniens, trois cents archers et vingt archers à cheval, indépendamment de quinze cents hoplites fournis par les alliés et par les insulaires. Les Méliens, colonie de Lacédémone, refusaient d’imiter les autres habitants des îles en s'avouant sujets d’Athènes. Au commencement, ils avaient gardé la neutralité et s’étaient tenus en repos ; mais ensuite, forcés par les dévastations que les Athéniens commettaient sur leurs terres, ils en étaient venus à une guerre ouverte. Les généraux athéniens, Cléomédès fils de Lycomédès et Tisias fils de Lysimachos, campèrent avec leur armée sur le territoire de Mélos ; mais, avant d’y exercer aucun ravage, ils envoyèrent des ambassadeurs chargés de parlementer. Les Méliens, au lieu de les introduire dans l'assemblée (") Seizième année de la guerre, an 446 av. J.-C.