History of the Peloponnesian War
Thucydides
Thucydides. Histoire de la Guerre du Péloponnése, Vol. 1-2. Zévort, Marie Charles, translator. Paris: Charpentier, 1852.
XXI Les Lacédémoniens, désignés par le sort pour commencer les restitutions, rendirent sur-le-champ les prisonniers qui étaient entre leurs mains; ils envoyèrent dans l’Épithrace Ischagoras, Ménas et Philocharidas, avec ordre pour Cléaridas de remettre Amphipolis aux Athéniens; pour les autres[*](Les peuples de la Chalcidiqne, qui s’étalent donnés aux Lacédémoniens.) d’accepter le traité et les stipulations relatives à chacun d’eux. Mais ceux-ci, trouvant le traité désavantageux, s’y refusèrent; Cléaridas, de son côté, pour complaire aux Chalcidéens, refusa de rendre la ville, sous prétexte qu’il n’était pas en son pouvoir de la livrer malgré eux. Lui-même vint en toute hâte à Lacédémone, avec des délégués du pays, pour se justifier si Ischagoras et ses collègues l’accusaient de désobéissance, et pour voir [*](1 Les peuples de la Chalcidiqne, qui s’étalent donnés aux Lacédémoniens.)
XXII. Les alliés[*](II s’agit ici des alliés péloponnésiens.) se trouvaient pour lors à Lacédémone : ceux d’entre eux qui n’avaient pas adhéré au traité furent invités par les Lacédémoniens à le faire; mais ils déclarèrent qu’ils ne l’accepteraient pas, par les mêmes motifs qui le leur avaient fait repousser d’abord, à moins qu’on ne fît des stipulations plus équitables. Les Lacédémoniens, n’ayant pu les convaincre, les congédièrent et conclurent en leur propre nom un traité d'alliance avec les Athéniens. Ils y étaient déterminés par cette considération, qu’un accommodement était impossible avec les Argiens, puisqu’ils avaient repoussé les propositions portées par Ampelidas et par Lichas; que du reste ils seraient peu redoutables sans les Athéniens, et que c’était là[*](A savoir l’alliance avec les Athéniens.) le meilleur moyen de maintenir en repos les autres peuples du Péloponnèse; car c’était du côté des Athéniens qu’ils devaient se tourner s’il leur était possible. Comme il y avait alors des ambassadeurs athéniens à Lacédémone, des conférences furent entamées avec eux; on tomba d’accord et une alliance fut jurée sur les bases suivantes :
XXIII. « Les Lacédémoniens seront alliés d’Athènes pendant cinquante ans. Si quelque ennemi envahit le territoire des Lacédémoniens et exerce contre eux des [*](1 II s’agit ici des alliés péloponnésiens.) [*](* A savoir l’alliance avec les Athéniens.)
« Si quelque ennemi envahit le territoire des Athéniens et exerce contre eux des hostilités, les Lacédémoniens leur viendront en aide, autant que faire se pourra, par les moyens les plus efficaces en leur pouvoir. S’il se retire après avoir ravagé le pays, les Lacédémoniens et les Athéniens le regarderont comme ennemi; les deux États lui feront la guerre, et ne la termineront que d’un commun accord; le tout, conformément à la justice, en alliés zélés et sans dol.
« Si les esclaves se soulèvent, les Athéniens viendront en aide aux Lacédémoniens de toutes leurs forces, autant que faire se pourra.
« Ces conventions seront jurées, de part et d’autre, par ceux qui ont juré le précédent traité. Le serment sera renouvelé tous les ans; les Lacédémoniens se rendront à cet effet à Athènes, aux fêtes de Bacchus, et les Athéniens, à Lacédémone à celles d’Hyacinthe.
« Chacun de son côté dressera une colonne[*](Pour y inscrire le traité, suivant l’usage.), les Lacédémoniens près du temple d’Apollon, à Anyclée, les Athéniens dans la citadelle, près du temple de Minerve.
« Si les Lacédémoniens et les Athéniens jugent à [*](1 Pour y inscrire le traité, suivant l’usage.)
XXIV. « Ont juré : pour les Lacédémoniens, Plistoanax, Agis[*](Ce sont les deux rois de Lacédémone; leurs noms ne se trouvent pas au bas du premier traité. '), Plistolas, Damagétos, Chionis, Métagènes, Acanthos, Daïthos, Ischagoras, Philocharidas, Zeuxidas, Antippos, Alcinidas, Tellis, Empédias, Ménas, Laphilos; pour les Athéniens : Lampon, Isthmionicos, Lachés, Nicias, Euthydème, Proclès, Pythodore, Agnon, Myrtilos, Thrasyclès, Théagènes, Aristocratès, Iôlcios, Timocratès, Léon, Lamachos, Démosthènes. »
Cette alliance fut conclue peu de temps après la trêve. Les Athéniens rendirent aux Lacédémoniens les prisonniers de l’île, et l’été de la onzième année commença. Ici se termine le récit de la première partie de la guerre, qui se poursuivit sans interruption pendant dix ans.
XXV. Après le traité de paix et d’alliance conclu entre les Lacédémoniens et les Athéniens, à la suite de la guerre de dix ans, Plistolas étant éphore à Lacédémone et Alcée archonte à Athènes, il y eut paix entre les États qui avaient adhéré. Mais les Corinthiens et quelques-unes des villes du Péloponnèse s’agitaient contre cet arrangement, et tout aussitôt se produisirent de nouveaux mouvements des alliés contre Lacédémone. Les Lacédémoniens, de leur côté, devinrent, avec le temps, suspects aux Athéniens, pour ne s’être pas conformés à quelques-unes des stipulations du [*](1 Ce sont les deux rois de Lacédémone; leurs noms ne se trouvent pas au bas du premier traité. ')
XXVI. Le même Thucydide d’Athènes a écrit également le récit de ces événements dans l’ordre où ils se sont produits, par été et par hiver, jusqu’à l’époque où les Lacédémoniens et leurs alliés mirent fin à la domination d’Athènes et s’emparèrent des longs murs et du Pirée. La durée totale de la guerre jüsqu’à cette époque fut de vingt-sept ans. On se tromperait si on voulait en distraire l’intervalle de la trêve; car, en considérant le détail des faits, tels que je les ai exposés, on reconnaîtra que cette période ne peut pas être considérée comme un temps de paix : en effet, toutes les restitutions convenues ne furent pas faites. En dehors de ces griefs, il y eut dans la guerre de Mantinée et d’Épidaure, et dans d’autres circonstances encore, des torts réciproques; l’hostilité des alliés de l’Épithrace ne fut pas moindre[*](Contre les Athéniens.); enfin les Béotiens n’avaient qu’un armistice de dix jours[*](Ces trêves se prolongeaient quelquefois fort longtemps; mais on pouvait les dénoncer tous les dix jours.). Si donc on réunit la première guerre de dix ans, la trêve douteuse qui la suivit, et la guerre qui succéda à cette trêve, on trouvera par la supputation des temps[*](C’est-à-dire en comptant les étés et les hivers, suivant la méthode que j’ai indiquée.) le [*](1 Il y a ici une erreur; les hostilités no reprirent réellement qu’au bout de sept ans et quelques mois.) [*](* Contre les Athéniens.) [*](8 Ces trêves se prolongeaient quelquefois fort longtemps; mais on pouvait les dénoncer tous les dix jours.) [*](4 C’est-à-dire en comptant les étés et les hivers, suivant la méthode que j’ai indiquée.)
XXVII. Lorsque la trêve de cinquante ans et plus tard l’alliance eurent été conclues, les députés du Péloponnèse venus à Lacédémone pour cet objet se retirèrent. Mais les Corinthiens, au lieu de rentrer chez eux, comme tous les autres, se dirigèrent d’abord vers Argos, et s’abouchèrent avec quelques-uns des magistrats du pays. Ils leur représentèrent que ce n’était point dans l’intérêt, mais pour l’asservissement du Péloponnèse, que les Lacédémoniens avaient fait la paix et contracté alliance avec les Athéniens, leurs plus grands ennemis, jusque-là; qu’il appartenait dès lors aux Argiens d’aviser au salut du Péloponnèse, et de décréter qu’il serait loisible à toute ville grecque qui le voudrait, pourvu qu’elle fût autonome[*](Le mot autonome est pris ici dans sou sens le plus large; il s’agit des villes complètement indépendantes, libres de toute sujétion et de tout tribut.) et accordât [*](1 Le mot autonome est pris ici dans sou sens le plus large; il s’agit des villes complètement indépendantes, libres de toute sujétion et de tout tribut.)
XXVIII. Ceux des Argiens qui avaient reçu ces propositions les ayant rapportées aux magistrats et au peuple, les Argiens les décrétèrent, et choisirent douze citoyens autorisés à contracter alliance avec tous ceux des Grecs qui le voudraient, excepté les Athéniens et les Lacédémoniens, avec lesquels il ne pourrait être traité sans la participation du peuple. Ces mesures furent accueillies avec d’autant plus de faveur par les Argiens, qu’ils se voyaient sur le point d’entrer en guerre avec les Lacédémoniens, le traité avec eux touchant à sa fin. Ils aspiraient, d’ailleurs, à la suprématie dans le Péloponnèse; car Lacédémone était extrêmement décriée, à cette époque; ses revers l’avaient déconsidérée[*](Le désastre de Sphactérie, l’occupation de Pylos et de Cythère, etc.). Les Argiens, au contraire, étaient dans une situation florissante à tous égards : restés en de- [*](1 Cette réciprocité était l’objet de l’ambition de tous les petits États; ils demandaient qu’entre eux et les citoyens des puissances prépondérantes, il y eût égalité parfaite, et que la justice fût rendue d’après les mêmes principes de part et d’autre.) [*](8 C’eût été les compromettre aux yeux des Lacédémoniens.-) [*](3 Le désastre de Sphactérie, l’occupation de Pylos et de Cythère, etc.)
XXIX. Les Mantinéens et leurs alliés s’y rangèrent les premiers, par crainte des Lacédémoniens : ils avaient réduit sous leur obéissance une partie del’Arcadie, pendant que durait encore la guerre contre les Athéniens, et ils pensaient bien que les Lacédémoniens, maintenant tranquilles d’ailleurs, ne manqueraient pas de leur contester cette conquête. Ils se tournèrent donc avec joie vers les Argiens; car ils voyaient en eux un grand peuple, toujours ennemi des Lacédémoniens, et soumis, comme eux-mêmes, au gouvernement démocratique. Une fois la défection des Mantinéens déclarée, le reste du Péloponnèse murmura qu’il fallait les imiter : on pensait que, pour changer ainsi leurs alliances, il fallait qu’ils fussent mieux renseignés que les autres; on était d’ailleurs profondément irrité contre les Lacédémoniens; on leur reprochait, entre autres choses, la clause par laquelle les Lacédémoniens et les Athéniens se réservaient le droit de faire, sans violer leur serment, toute addition, tout retranchement mutuellement consenti par les deux peuples. Cette clause surtout inquiétait les Péloponnésiens; elle leur faisait craindre que les Lacédémoniens, d’accord avec les Athéniens, ne voulussent les asservir; car, autrement, il eût été juste d’attribuer le même droit de modification à tous les alliés. Aussi, sans qu’il y eût concert entre eux, beaucoup, sous le coup de ces inquiétudes, se tournèrent avec un égal empressement vers l’alliance d’Argos.
XXX. Les Lacédémoniens, sachant que le Péloponnèse était en proie à cette agitation, que le signal en était parti des Corinthiens, et que ceux-ci se disposaient eux-mêmes à traiter avec Argos, leur envoyèrent des députés afin de tâcher de prévenir cet événement. Ils les accusaient d’avoir organisé tout ce trouble et d’être sur le point d’abandonner leur alliance pour celle d’Argos. Ils ajoutaient que ce serait là une violation de leurs serments, qu’ils étaient même déjà coupables de n’avoir pas adhéré à la paix avec les Athéniens, lorsqu’il était formellement stipulé[*](Dans les traités antérieurs entre les peuples du Péloponnèse.) que les décisions prises par la majorité des alliés sortiraient leur entier effet, à moins d’empêchement de la part des dieux et des héros[*](Cette formule, insérée dans la plupart des traités, était une porte ouverte à la mauvaise foi, et pouvait se traduire ainsi dans la pratique : à moins que l’une des parties ne se croie intéressée à rompre le traité.)! Les Corinthiens répondirent aux Lacédémoniens en présence de tous ceux des alliés qui n’avaient pas adhéré au traité, car ils les avaient convoqués précédemment. Ils ne se prévalurent pas des griefs qui leur étaient personnels; ils ne parlèrent ni de Sollion[*](Voyez liv. n, 30.) qui ne leur avait pas été restituée par les Athéniens, ni d’Anactorion[*](Les Athéniens avaient pris Anactorion par trahison; iv, 49.), ni d’aucun des points sur lesquels ils se croyaient lésés; ils affectèrent à dessein d’alléguer pour unique motif qu’ils ne pouvaient trahir les peuples de l’Épithrace, avec lesquels ils s’étaient engagés par serments, en leur propre nom, aussitôt après leur défection avec les [*](1 Dans les traités antérieurs entre les peuples du Péloponnèse.) [*](2 Cette formule, insérée dans la plupart des traités, était une porte ouverte à la mauvaise foi, et pouvait se traduire ainsi dans la pratique : à moins que l’une des parties ne se croie intéressée à rompre le traité.) [*](8 Voyez liv. n, 30.) [*](* Les Athéniens avaient pris Anactorion par trahison; iv, 49.)
XXXI. Aussitôt après arrivèrent des ambassadeurs d’Élée, qui contractèrent alliance avec les Corinthiens, puis se rendirent à Argos et firent alliance avec les Argiens sur les bases décrétées[*](Décrétées à Argos, sur la proposition dps Corinthiens.). Ils étaient en différend avec les Lacédémoniens au sujet de Lépréon : les Lépréates ayant eu autrefois une guerre à soutenir contre quelques Arcadiens, avaient sollicité l’alliance des Éléens, en leur offrant la moitié de leur territoire; les Éléens avaient mis fin à la guerre et laissé aux Lépréates la jouissance de leur pays, moyennant une of- [*](1 Lorsque tous les alliés de Lacédéinone avaient contracté alliance avec les villes grecques de la Chalcidiqne soumises par Brasidas.) [*](* Leur alliance antérieure avec les Grecs de Thrace.) [*](3 Décrétées à Argos, sur la proposition dps Corinthiens.)
XXXII. Vers la même époque de cet été, les Athé- [*](1 C’était moins un tribut qu’un aveu de dépendance de la part du peuple vaincu : de là l’intérêt qu’il croyait avoir à s’y soustraire.) [*](* Contre les Lacédémoniens.)
La lutte commença entre les Phocéens et les Locriens.
Les Corinthiens et les Argiens, dès lors alliés, envoyèrent à Tégée pour la détacher des Lacédémoniens : ils pensaient qu’en se l’attachant ils auraient avec eux tout le Péloponnèse dont elle était une portion importante. Mais les Tégéates répondirent qu’ils n’entreprendraient rien contre Lacédémone; aussi les Corinthiens, qui jusqu’alors avaient agi avec beaucoup de vivacité, se relâchèrent-ils de leur animosité, dans la crainte qu’aucune des autres villes ne se joignît plus à eux. Cependant ils envoyèrent chez les Béotiens, pour les engager à entrer dans leur alliance et dans celle des Argiens, et à agir en tout de concert avec eux. Ils les prièrent aussi de les accompagner à Athènes et de faire étendre à Corinthe la trêve supplémentaire de dix jours conclue entre les Athéniens et les Béotiens peu de temps après le traité de cinquante ans. Dans le cas où les Athéniens refuseraient, ils voulaient que les Béotiens renonçassent à l’armistice, pour s’engager à ne traiter désormais que d’accord avec eux. A ces propositions des Corinthiens, les Béotiens demandèrent du temps pour se déterminer sur l’alliance d’Argos : ils accompagnèrent les Corinthiens à Athènes; mais ne purent leur obtenir la trêve de dix jours. Les Athéniens répondirent que les Corinthiens étaient compris dans
XXXIII. Le même été, les Lacédémoniens, sous la conduite de Plistoanax, fils de Pausanias, roi de Lacédémone, se portèrent en masse en Arcadie sur le territoire des Parrhasiens, sujets de Mantinée. Appelés par une des factions qui agitaient alors le pays, ils avaient en outre pour but de détruire, s’il était possible, les murailles de Cypsèles. Cette place fortifiée par les Mantinéens, qui y tenaient garnison, était située dans le pays des Parrhasiens, près de la Sciritide en Laconie. Les Lacédémoniens ravagèrent le territoire des Parrhasiens. Les Mantinéens confièrent la défense de leur ville à une garnison argienne[*](Afin de se porter en masse à la défense de la Parrhasie.), et allèrent eux-mêmes garder leurs alliés; mais, dans l’impossibilité de sauver la forteresse de Cypsèles et les villes des Parrhasiens, ils se retirèrent. Les Lacédémoniens rendirent l’indépendance aux Parrhasiens, démolirent les fortifications, et rentrèrent chez eux.
XXXIV. Le même été, lorsque les troupes qui étaient parties avec Brasidas revinrent de Thrace, ramenées par Cléaridas, après la trêve, les Lacédémoniens décrétèrent pour les Hilotes qui avaient combattu avec Bradisas la liberté, et le droit d’habiter où ils voudraient; peu après, lorsque la guerre eut éclaté avec les Éléens, ils les établirent avec les Néodamodes[*](On ne connaît pas exactement la situation civile et politique des Néodamodes; c'étaient des affranchis, mais distincts des Hilotes auxquels on rendait la liberté pour prix de leurs services militaires. Ils ne jouissaient pas de tous les droits civils.) [*](1 Afin de se porter en masse à la défense de la Parrhasie.) [*](s On ne connaît pas exactement la situation civile et politique des Néodamodes; c'étaient des affranchis, mais distincts des Hilotes auxquels on rendait la liberté pour prix de leurs services militaires. Ils ne jouissaient pas de tous les droits civils.)
XXXV. Le même été les Diens prirent Thyssos, ville de l’Athos, alliée d’Athènes. Pendant tout cet été, il y eut commerce réciproque entre les Athéniens et les Péloponnésiens. Cependant, à peine la paix conclue, il s’était élevé entre les Athéniens et les Lacédémoniens des défiances mutuelles, fondées sur ce que ni les uns ni les autres ne restituaient les places. Les Lacédémoniens, désignés par le sort pour commencer les restitutions, ne rendaient ni Amphipolis ni les autres villes; ils n'avaient procuré l’adhésion au traité, ni de leurs alliés' de l’Épithrace, ni des Béotiens, ni des Corinthiens, quoiqu’ils promissent sans cesse de les contraindre d’accord avec les Athéniens, s’ils refusaient, et qu'ils eussent fixé, mais sans garantie écrite, une époque où tous ceux qui n’auraient pas accédé seraient ennemis des deux peuples. Les Athéniens, voyant qu’en réalité aucun de ces engagements n’aboutissait, soupçonnèrent les Lacédémoniens de n’avoir que de mauvais desseins, et refusèrent de leur restituer Pylos,
XXXVI. L’hiver suivant[*](421 avant notre ère, quatrième année de la qualre-vingt-ncnviômo olympiade.), il se trouva que les éphores en charge n’étaient plus ceux sous lesquels avait été conclu le traité; quelques-uns d’entre eux y étaient même opposés. Des députations des pays alliés vinrent à [*](1 421 avant notre ère, quatrième année de la qualre-vingt-ncnviômo olympiade.)
XXXVII. Les Béotiens et les Corinthiens se retirèrent chargés de ces communications pour leurs gouvernements respectifs par Xenarès, Cléobule et tous ceux des Lacédémoniens qui partageaient leurs vues. Deux Argiens, des principaux en dignité, les guettaient sur la route, à leur retour : les ayant rencontrés, ils se mirent en rapport avec eux, dans le but de rattacher les Béotiens à leur alliance, comme ils l’avaient fait pour les Corinthiens, les Éléens et les Mantinéens. Ils
XXXVIII. Cependant les Béotarques, les Corinthiens, les Mégariens et les députés de la Thrace jugèrent à propos de s’engager d’abord par des serments mutuels à s’entr’aider dans l’occurrence, et à ne faire ni la guerre ni la paix avec qui que ce fût que d’un commun accord. Ces réserves stipulées, les Béotiens et les Mégariens, qui faisaient cause commune, devaient ensuite traiter avec les Argiens. Avant de prêter le serment, les Béotarques firent part de ce projet aux quatre conseils
XXXIX. Le même hiver, les Olynthiens emportèrent d’emblée Mécyberna, défendue par une garnison athénienne.
Les conférences continuaient entre les Athéniens et les Lacédémoniens, au sujet des places qu’ils retenaient réciproquement. Les Lacédémoniens, espérant recouvrer Pylos, si les Béotiens rendaient Panacton aux [*](1 En s’alliant avec les Argiens.)
Ici finit la onzième année de la guerre.
XL. L’été suivant, dès le commencement du printemps, les Argiens, ne voyant pas arriver les députés que les Béotiens avaient promis de leur envoyer, informés d’ailleurs de la destruction de Panacton et de l’alliance particulière intervenue entre les Béotiens et les Lacédémoniens, craignirent de se trouver isolés, si tous les alliés venaient à se tourner du côté de Lacédémone; ils supposaient que c’était Lacédémone qui avait engagé les Béotiens à raser Panacton et à entrer dans l’alliance d’Athènes; que les Athéniens en étaient instruits; que dès lors il ne leur était plus possible, à eux-mêmes, de s’allier avec Athènes. Car ils avaient compté jusque-là que, si leur traité avec les Lacédémoniens ne pouvait [*](1 Les Béotiens démolirent les fortifications, afin de n’avoir rien à craindre lorsqu’ils la rendraient aux Athéniens.)