History of the Peloponnesian War

Thucydides

Thucydides. Histoire de la Guerre du Péloponnése, Vol. 1-2. Zévort, Marie Charles, translator. Paris: Charpentier, 1852.

I. L’été suivant, le terme de la trêve d’un an avait été fixé aux jeux pythiens[*](Deuxième année de la quatre-vingt-troisième olympiade* 423 avant notre ère, au commencement du printemps.). Pendant l’armistice, les Athéniens expulsèrent de Délos les habitants de l’île : ils s’imaginaient qu’une faute déjà ancienne les ayant rendus impurs et indignes d’habiter une terre sacrée, ce complément avait manqué à la purification dont j’ai parlé plus haut[*](Livre ni, ch. 104.), lorsque, par l’enlèvement des tombeaux des morts, ils crurent n’avoir rien laissé à faire[*](Diodore (xn, 73) donne de cette expulsion une raison plus plausible s les Athéniens reprochaient aux habitants de Délos de s’ôtre alliés secrètement avec les Lacédémoniens.). Les Déliens s’établirent à Atramytion[*](Aujourd’hui Adramiti, au fond du golfe du même nom,), ville d’Asie, que leur donna Pharnace, et où ils furent admis à mesure qu’ils se présentèrent.

II. Cléon, avec l’assentiment des Athéniens, fit voile, après l’armistice, pour l’Épithrace, avec douze cents hoplites athéniens, trois cents cavaliers, un plus grand [*](1 Deuxième année de la quatre-vingt-troisième olympiade* 423 avant notre ère, au commencement du printemps.) [*](2 Livre ni, ch. 104.) [*](3 Diodore (xn, 73) donne de cette expulsion une raison plus plausible s les Athéniens reprochaient aux habitants de Délos de s’ôtre alliés secrètement avec les Lacédémoniens.) [*](4 Aujourd’hui Adramiti, au fond du golfe du même nom,)

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nombre d’alliés, et trente vaisseaux[*](Socrate, suivant Platon, prit part à cette malheureuse expédition.). Il toucha d’abord à Scione, dont le siége durait encore, en retira une partie des hoplites qui gardaient les murs, et alla aborder au port des Colophoniens[*](C’était le nom d’un petit golfe sur le territoire de Toroné. On ignore d’où lui venait ce nom do port dos Golophoaicus.) dépendant de Toroné, et à peu de distance de la ville. Instruit par des transfuges que Brasidas était absent de Toroné, et que la garnison n’était pas en force, il se dirigea de là, avec son infanterie, contre la ville, et envoya dix vaisseaux croiser devant le port. Il se présenta d’abord devant la nouvelle enceinte que Brasidas avait élevée, en renversant une partie de l’ancien mur, afin d’enfermer le faubourg dans la place et de faire du tout une seule ville.

III. Le Lacédémonien Pasitélidas, commandant de la place, se porta sur ce point avec ce qu’il avait de garnison, pour repousser l’attaque des Athéniens; mais, se sentant forcé, et apercevant les vaisseaux que Cléon avait envoyés croiser devant le port, il craignit, si la flotte le prévenait en occupant la ville maintenant sans défense, et si l’enceinte venait à être forcée, de se trouver pris entre deux ennemis : il abandonna l’enceinte et courut vers la ville; mais les Athéniens de la flotte levaient devancé et occupaient Toroné; en même temps l’infanterie, qui s’était précipitée sur ses traces, entrait d’emblée par la partie détruite de l’ancien mur. Une partie des Péloponnésiens et des Toronéens furent tués dans la lutte, au moment même; d’autres furent faits prisonniers, et parmi eux le commandant Pasité- [*](i Socrate, suivant Platon, prit part à cette malheureuse expédition.) [*](2 C’était le nom d’un petit golfe sur le territoire de Toroné. On ignore d’où lui venait ce nom do port dos Golophoaicus.)

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lidas. Brasidas venait au secours de Toroné; mais il apprit en route qu’elle était prise, et s’en retourna : il ne s’en fallut que de quarante stades[*](Un peu plus de sept kilomètres.) au plus, qu’il ne prévînt par son arrivée la prise de la ville. Les Athéniens élevèrent deux trophées, l’un sur le port, l’autre près de l’enceinte; ils réduisirent en esclavage les femmes et les enfants des Toronéens; quant à eux, ils les envoyèrent à Athènes, avec les Péloponnésiens, et ce qu’il y avait de Chalcidiens, en tout sept cents hommes. Les Péloponnésiens furent relâchés dans la suite, lors de la conclusion de la trêve; les Olynthiens intervinrent pour les autres, et les échangèrent homme pour homme.

Vers la même époque, les Béotiens prirent par trahison Panacton, fort des Athéniens, sur la frontière. Cléon mit garnison à Toroné, s’embarqua et tourna l’Athos pour gagner Amphipolis.

IV. Vers le même temps, Phéax, fils d’Érasistrate, fit voile avec deux vaisseaux pour l’ltalie et la Sicile, où il était envoyé en ambassade, lui troisième, par les Athéniens. Les Léontins, après l’évacuation de la Sicile par les Athéniens, lors de la paix, avaient inscrit un grand nombre de citoyens nouveaux, et le peuple méditait le partage des terres[*](11 est probable qu’il ne s’agit ici que d’une nouvelle division des terres publiques, rendue nécessaire par l’extension du droit de cité.); les riches, instruits du projet, appelèrent les Syracusains, et expulsèrent le peuple. Les bannis se dispersèrent chacun de leur côté; quant aux riches, ils traitèrent avec les Syracusains, abandonnèrent la ville, la laissèrent déserte, et allèrent [*](i Un peu plus de sept kilomètres.) [*](* 11 est probable qu’il ne s’agit ici que d’une nouvelle division des terres publiques, rendue nécessaire par l’extension du droit de cité.)

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habiter Syracuse, avec le droit de cité. Mais, plus tard, une partie d’entre eux abandonna Syracuse, à la suite de quelque mécontentement, pour s’établir dans un quartier de Léontium appelé Phocées, et à Bricinnes[*](Plus avant dans les terres que Léontium.), forteresse sur le territoire de cette même ville. La plupart des bannis de la faction populaire vinrent les rejoindre, s’établirent avec eux et se défendirent[*](Contre les Syracusains.) du haut des murailles. A cette nouvelle, les Athéniens envoient Phéax, avec mission d’entraîner leurs alliés de ces contrées et les autres Siciliens, s’il était possible, à faire en commun la guerre aux Syracusains, sous prétexte que ceux-ci aspiraient à la domination; leur but était de sauver le peuple de Léontium. Phéax, à son arrivée, réussit auprès des Camarinéens et des Agrigentins; mais il rencontra de l’opposition à Géla, et ne fit dès lors aucune tentative auprès des autres villes, sentant bien qu’il ne pourrait les convaincre. Il revint à Catane à travers le pays des Sicules, entra, en passant, à Bricinnes, y ranima les courages et s’embarqua.

V. Dans le trajet pour aller en Sicile, et pour en revenir, il négocia en Italie avec quelques villes, pour les engager dans l’alliance d’Athènes; il rencontra aussi la colonie locrienne de Messène, récemment expulsée de cette ville. — Après la pacification de la Sicile, Messène avait été en proie aux séditions, et l’un des partis avait appelé les Locriens, qui y envoyèrent une colonie et furent quelque temps maîtres de la ville, — Phéax, les ayant rencontrés dans leur traversée, ne leur fit [*](i Plus avant dans les terres que Léontium.) [*](* Contre les Syracusains.)

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aucun mal; car les Locriens venaient de régler avec lui les préliminaires d’un accord avec les Athéniens. C’étaient les seuls des alliés qui, à l’époque de la réconciliation des Siciliens, n’eussent pas traité avec Athènes : ils ne l’eussent même point fait encore, sans les embarras d’une guerre contre les Itoniens et les Méléens, leurs voisins, et en même temps leurs colons. Phéax revint ensuite à Athènes.

VI. Cléon, parti de Toroné, s’était dirigé, en côtoyant, vers Amphipolis. D’Éion il alla attaquer Stagyre, colonie d’Andros, sans pouvoir s’en rendre maître; mais il prit de vive force Galepsos, colonie de Thasos. Il envoya des ambassadeurs mander Perdiccas avec son armée, suivant les stipulations du traité[*](V. livre iv, ch, 132.); d’autres allèrent en Thrace presser Pollès, roi des Odomantes, d'amener le plus qu’il pourrait de Thraces mercenaires; quant à lui, il se tint en repos à Eion. Brasidas, informé de ces faits, vint de son côté s’établir en face des Athéniens, à Cerdylion, place des Argiliens, sur une hauteur, au delà du fleuve et à peu de distance d’Amphipolis. De là on découvrait tous les environs, de sorte que Cléon ne pouvait lui dérober ses mouvements, s’il quittait sa position et portait son armée en avant; car Brasidas prévoyait que Cléon, plein de mépris pour un ennemi si peu nombreux, marcherait sur Amphipolis avec les seules forces qu’il eût actuellement sous la main. En même temps il réunit quinze cents Thraces mercenaires, et manda tous les Édoniens, tant peltastes que cavaliers; il avait en outre mille peltastes de Myrcinie et de Chalcidique, sans compter [*](1 V. livre iv, ch, 132.)

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ceux qui étaient à Amphipolis; ses hoplites étaient au nombre de deux mille en tout, plus trois cents cavaliers grecs : quinze cents seulement étaient avec Brasidas dans son camp de Cerdylion; le reste était à Amphipolis, sous les ordres de Cléaridas.

VII. Cléon, après s’être tenu d’abord en repos, fut ensuite forcé de faire ce qu’attendait Brasidas; ses soldats s’ennuyaient de leur inaction; ils dissertaient entre eux de son incapacité pour le commandement, de tant d’ignorance et de lâcheté qui allaient être opposées à tant de science et de courage, de la répugnance avec laquelle ils l’avaient suivi. Cléon, instruit de ces rumeurs, et ne voulant pas les lasser en les retenant trop longtemps dans le même lieu, leva le camp et se porta en avant. Il agit comme à Pylos, où le succès lui avait persuadé qu’il avait quelque capacité; il comptait, du reste, que personne ne sortirait pour l’attaquer, et ne gagnait la hauteur, disait-il, que pour mieux découvrir la place; s’il attendait du renfort, ce n’était pas pour s’assurer la supériorité, dans le cas où il lui faudrait combattre, mais pour entourer la ville et l’emporter de vive force. Il s’avança donc, et fit camper son armée sur une colline, dans une forte position, en face d’Amphipolis. De là il contemplait le lac formé par le Strymon et l’assiette de la ville du côté de la Thrace; il croyait pouvoir, à volonté, se retirer sans combat : car personne ne se montrait sur les remparts, personne ne sortait des portes, qui toutes restaient fermées. Il se reprochait même, comme une faute, de n’avoir pas amené des machines, se disant que, dans l’état d’abandon où se trouvait la ville, il l’eût emportée.

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VIII. Brasidas, dès qu’il vit le mouvement des Athéniens, quitta de son côté Cerdylion et descendit dans Amphipolis. Il ne voulut ni sortir ni se mettre en ligne contre les Athéniens; car il se défiait de ses propres forces et se croyait inférieur, non par le nombre (il y avait à peu près égalité), mais par la qualité des troupes, l’armée ennemie étant composée exclusivement d’Athéniens et des meilleurs soldats de Lemnos et d’Imbros[*](C’étaient deux colonies athéniennes. Les soldats de Brasidas étaient, pour la plupart, des Hilotes et des mercenaires. V. liv. iv, ch. 80.). Il se disposa donc à attaquer par surprise; car s’il eût à l’avance montré aux ennemis la force réelle et le misérable équipement de son armée, il se croyait moins assuré de vaincre qu’en la dérobant à la vue, pour éviter le mépris que ne manquerait pas d’inspirer son état. Il prit avec lui cent cinquante hoplites choisis, et laissa le reste à Cléaridas : son dessein était de brusquer l’attaque avant le départ des Athéniens, n’espérant pas, s’ils venaient à être secourus, retrouver jamais l’occasion de les combattre ainsi réduits à leurs propres forces. Ayant rassemblé tous ses soldats pour les encourager et leur faire connaître son dessein, il leur parla ainsi :

IX. « Braves Péloponnésiens, songez de quel pays nous venons; songez que notre patrie est toujours restée libre par le courage, et que, Doriens, vous allez combattre des Ioniens, dont vous avez coutume de triompher; il me suffit de vous rappeler tout cela en peu de mots. Ce que je veux, en ce moment, c’est vous faire connaître mon plan d’attaque[*](Ce discours est un de ceux qui pèchent le plus contre la vraisemblance. Il n’est pas probable que, même chez les Grecs, et au milieu d’une armée peu nombreuse, un général ait ainsi exposé son plan et ses desseins.), de peur que le petit [*](1 C’étaient deux colonies athéniennes. Les soldats de Brasidas étaient, pour la plupart, des Hilotes et des mercenaires. V. liv. iv, ch. 80.) [*](* Ce discours est un de ceux qui pèchent le plus contre la vraisemblance. Il n’est pas probable que, même chez les Grecs, et au milieu d’une armée peu nombreuse, un général ait ainsi exposé son plan et ses desseins.)

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nombre de ceux qui vont combattre, l’absence de la plus grande partie des troupes, et l’insuffisance apparente de nos forces ne vous jettent dans le découragement. C’est par mépris pour nous, je suppose, c’est dans l’espoir qu’il ne sortirait personne pour les attaquer, que nos ennemis sont montés sur cette colline, et que maintenant ils perdent le temps à contempler en désordre le spectacle qui est sous leurs yeux. Quand on surprend une pareille faute chez ses adversaires, si on les attaque dans la mesure de ses propres forces, non pas à découvert ni en ligne, mais en tirant de tous ses avantages, il est rare qu’on ne réussisse pas. Rien n’est plus glorieux que ces stratagèmes par lesquels on trompe autant qu’on le peut ses ennemis, pour rendre à ses amis les plus grands services; aussi je veux profiter du moment où l’ennemi, encore en désordre et sans défiance, songe bien plutôt, ce me semble, à se retirer qu’à garder sa position; je veux, tandis qu’il s’abandonne à une insouciante sécurité, le prévenir, s’il est possible, sans lui donner le temps de se reconnaître, et, entouré de mes soldats, me jeter à la course au milieu de son armée. Toi, Cléaridas, lorsque déjà tu me verras le presser vivement et probablement le frapper d’épouvante, prends avec toi tes soldats, les Amphipolitains et les autres alliés, ouvre les portes à l’improviste, accours, et bâte-toi d’en venir aux mains, sans perdre un moment. C’est ainsi surtout qu’on peut espérer les frapper de terreur : car un ennemi qui survient après coup inspire bien plus d’ef-
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froi que celui qu’on a en présence, et dont on soutient le choc. Sois brave, comme il convient à un Spartiate. Et vous, alliés, suivez-le avec courage; songez qu’à la guerre la volonté, le respect de soi-même, l’obéissance aux chefs sont les éléments du succès; ce jour vous donnera, si vous êtes courageux, la liberté et le titre d’alliés de Lacédémope; sinon, sujets des Athéniens, vous subirez un joug plus dur encore, — à supposer même que vous soyez assez heureux pour éviter l’esclavage ou la mort, — et vous deviendrez un obstacle à l’affranchissement des autres Grecs. Vous, tenez donc ferme, en voyant quels intérêts sont en jeu; moi, je montrerai que je ne suis pas moins capable d’agir que de conseiller les autres. »

X. Brasidas, après ces paroles, fit ses dispositions pour la sortie; il plaça le reste des troupes avec Gléaridas à la porte de Thrace[*](A l’ouest d’Amphipolis.) pour sortir à leur tour, au moment convenu. De l’autre côté, cependant, on avait aperçu Brasidas descendre de Cerdylion; dans la ville même, où la vue plongeait du dehors, on l’avait vu sacrifier auprès du temple de Minerve et faire tous ses préparatifs. On annonça à Cléon, qui s’était écarté pour voir le pays, qu’on découvrait dans la ville toute l’armée ennemie, et que sous les portes apparaissaient un grand nombre de pieds de chevaux et d’hommes, comme si une sortie se préparait. Sur cet avis il s’approcha; mais lorsqu’il eut vu par lui-même, décidé à ne pas venir aux mains avant l’arrivée de ses auxiliaires, espérant d’ailleurs pouvoir prévenir l’ennemi, il fit donner le signal de la retraite. En même temps il or- [*](* A l’ouest d’Amphipolis.)

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donne de filer par l’aile gauche, la seule chose possible, et de se retirer sur Eion. Mais bientôt, trouvant la marche trop lente, il fait faire un mouvement de conversion à la droite, et présente, dans sa retraite, son flanc découvert à l’ennemi. A ce moment Brasidas, voyant l’occasion favorable et l’armée athénienne en mouvement, dit aux soldats qu’il prenait avec lui et aux autres : « Ces gens-là ne nous attendent pas; on le voit au mouvement de leurs lances et de leurs têtes; on n’a pas cette allure quand on attend l’ennemi de pied ferme. Que l’on m’ouvre la porte désignée et, sans tarder, élançons-nous avec confiance. » Il sort alors par la porte du côté de la palissade et par la première de la longue muraille qui existait alors[*](La muraille dont il a été question précédemment (iv, 102) et qui allait du fleuve au fleuve.), et suit au pas de course la route en ligne droite au point culminant de laquelle s’élève aujourd’hui un trophée. Il aborde les Athéniens effrayés de leur propre désordre et frappés de son audace, tombe sur le centre de leur armée et les met en déroute. Cléaridas sort en même temps par la porte de Thrace, comme il était convenu, et se porte à la rencontre de l’ennemi avec son armée. Cette ‘attaque soudaine, inattendue, de deux côtés à la fois, porta le trouble à son comble chez les Athéniens. Leur aile gauche qui filait sur Eion et avait l’avance se rompit aussitôt et se mit en fuite; elle était déjà en déroute lorsque Brasidas fut blessé en se portant sur la droite. Les Athéniens ne le virent pas tomber; ceux des siens qui étaient auprès de lui le prirent et l’emportèrent. La droite des Athéniens fit meilleure [*](i La muraille dont il a été question précédemment (iv, 102) et qui allait du fleuve au fleuve.)
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contenance. Cléon, qui dès l’abord n’avait pas songé à attendre l’ennemi, avait sur-le-champ pris la fuite; mais il fut arrêté et tué par un peltaste de Myrcinie. Les hoplites se formèrent alors en peloton sur la colline, soutinrent sans fléchir deux ou trois charges de Cléaridas, et ne cédèrent que lorsque la cavalerie myrcinienne et chalcidienne, jointe aux peltastes, les eut entourés, accablés de traits et enfin mis en fuite. La déroute fut complète alors dans toute l’armée athénienne; elle n’échappa qu’avec peine et se dispersa dans tous les sens à travers les montagnes. Tous ceux qui ne furent pas tués sur place dans la mêlée ou massacrés par la cavalerie chalcidienne et les peltastes, se réfugièrent à Eion.

Ceux qui avaient enlevé Brasidas de la mêlée, pour le mettre en sûreté, le transportèrent à la ville, respirant encore. Il connut la victoire des siens, et mourut peu d’instants après. Le reste de l’armée, au retour de la poursuite avec Cléaridas, dépouilla les morts et éleva un trophée.

XI Tous les alliés suivirent, en armes, le convoi de Brasidas; on l’ensevelit aux frais du public, dans l’intérieur de la ville, devant la place actuelle[*](On lui éleva aussi à Sparte un cénotaphe. 11 n’était pas permis chez les Grecs d’ensevelir dans l’intérieur des villes; c’était un insigne honneur qui n’était que rarement accordé. Il en était de même à Rome; une des lois des Douze Tables défendait d’ensevelir dans la ville, et il n’y fut que rarement dérogé.). Les Amphipolitains entourèrent ensuite son tombeau d’une enceinte[*](C’était un usage universel chez les anciens; les tombeaux étaient entourés d’une balustrade de bois, de pierre ou de marbre.); ils lui immolèrent des victimes, comme à un héros, et établirent en son honneur des combats et [*](1 On lui éleva aussi à Sparte un cénotaphe. 11 n’était pas permis chez les Grecs d’ensevelir dans l’intérieur des villes; c’était un insigne honneur qui n’était que rarement accordé. Il en était de même à Rome; une des lois des Douze Tables défendait d’ensevelir dans la ville, et il n’y fut que rarement dérogé.) [*](2 C’était un usage universel chez les anciens; les tombeaux étaient entourés d’une balustrade de bois, de pierre ou de marbre.)

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des sacrifices annuels[*](Chaque colonie célébrait ainsi des fêtes en l’honneur de son fondateur; c’était un moyen de maintenir plus étroitement les liens qui l’unissaient à la métropole.). Ils lui dédièrent la colonie, à titre de fondateur, renversèrent les édifices d’Agnon, et firent disparaître tout ce qui pouvait rester de monuments commémoratifs de sa fondation; car ils voyaient en Brasidas leur sauveur, et de plus ils donnaient par là une marque de déférence aux Lacédémoniens, dont ils voulaient alors se ménager l’alliance, par crainte des Athéniens. Ennemis d’Athènes, au contraire, ils ne trouvaient ni la même utilité ni la même satisfaction à honorer Agnon. Ils rendirent aux Athéniens leurs morts. La perte pour ces derniers fut d’environ six cents hommes, et de sept seulement du côté de leurs adversaires; cela tient aux circonstances qui firent de l’affaire moins une bataille rangée qu’une panique et une déroute. Les Athéniens, après l’enlèvement des morts, mirent à la voile pour s’en retourner; Cléaridas régla les affaires d’Amphipolis.

XII. Vers la même époque, à la fin de l’été, les Lacédémoniens Rhamphias, Autocharidas et Épicydidas dirigèrent un secours de neuf cents hoplites vers les places fortes de l’Épithrace. Arrivés à Héraclce de Trachinie, ils opérèrent quelques réformes qui leur parurent nécessaires : ils y étaient encore quand eut lieu le combat d’Amphipolis. L’été finit.

XIII. Dès le commencement de l’hiver suivant, Rhamphias elles siens s’avancèrent jusqu’à Piérion en Thessalie; mais l’opposition des Thessaliens et la mort de Brasidas, à qui ils conduisaient ce secours, les décidèrent à rentrer chez eux. Ils jugèrent qu’il n’y [*](1 Chaque colonie célébrait ainsi des fêtes en l’honneur de son fondateur; c’était un moyen de maintenir plus étroitement les liens qui l’unissaient à la métropole.)

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avait plus opportunité, vu le départ des Athéniens après leur défaite et l'impuissance où ils se trouvaient eux-mêmes de suivre en rien les projets de Brasidas. Mais ce qui les décida surtout, c’est qu’ils savaient qu’à leur départ les Lacédémoniens penchaient davantage vers la paix.

XIV. A partir du combat d’Amphipolis et du départ de Rhamphias de la Thessalie, il y eut des deux côtés cessation de toute hostilité, et les pensées inclinèrent plus fortement vers la paix. Les Athéniens, maltraités à Délium et peu après à Amphipolis, n’avaient plus cette ferme confiance dans leurs forces qui leur avait fait précédemment repousser tout accommodement, lorsque leur fortune présente semblait leur promettre une supériorité plus grande encore. Ils craignaient aussi que leurs alliés, enhardis par ces revers, ne fussent plus disposés à la défection, et ils regrettaient de n’avoir pas traité après l’aifaire de Pylos, quand ils pouvaient le faire avec avantage. Les Lacédémoniens, de leur côté, avaient vu la guerre prendre une tournure contraire à l’espoir qu’ils avaient conçu d’abattre, en quelques années, la puissance des Athéniens par le ravage de leur territoire : ils avaient éprouvé à Sphactérie un désastre tel que Sparte n’en avait encore jamais essuyé; Pylos, Cythère portaient le pillage dans leurs campagnes; les Hilotes désertaient; on était toujours dans l’appréhension que ceux de l’intérieur, comptant sur les fugitifs, ne profitassent des circonstances pour se soulever[*](Comme précédemment à Ithome. Voyez livre i, ch. 101 et 102*) comme autrefois. A cela se joignait l’expiration prochaine de la trêve [*](1 Comme précédemment à Ithome. Voyez livre i, ch. 101 et 102*)

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de trente ans qu’ils avaient conclue avec les Argiens, ceux-ci ne voulant pas la renouveler qu’on ne leur eût rendu la Cynurie[*](Ce territoire était en litige entre Lacédémone et Argos. Voyez livre v, ch. 41.), les Lacédémoniens se sentaient dans l’impossibilité de faire face en même temps à Argos et à Athènes. Enfin, ils prévoyaient la défection en faveur d’Argos de quelques villes du Péloponnèse; ce qui arriva en effet[*](Voyez ch. 29.).

XV. Ces réflexions, auxquelles on se livrait de part et d’autre, disposaient à un accommodement. Les Lacédémoniens surtout le désiraient, à cause des guerriers de l'ile dont ils avaient à coeur l’élargissement; car quelques-uns d’entre eux étaient des Spartiates du rang le plus illustre, et en même temps alliés aux premières familles. Les négociations avaient été entamées dès les premiers moments de leur captivité; mais les Athéniens n’avaient pas voulu alors, au milieu de leurs succès, traiter à des conditions acceptables. Plus tard, après leur désastre de Délium, les Lacédémoniens, les voyant plus traitables, avaient aussitôt conclu la trêve d’un an, pendant laquelle devaient se tenir des conférences pour arriver à une plus longue paix.

XVI. Après la défaite des Athéniens à Amphipolis, la mort de Cléon et de Brasidas changea la face des choses : c’étaient les adversaires les plus déclarés de la paix dans les deux États, l’un à cause de ses succès militaires et de la gloire qu’ils lui valaient, l’autre parce qu’il sentait qu’en temps de paix ses crimes seraient plus en vue, ses calomnies moins facilement acceptées[*](Ou trouve la même pensée dans Plutarque, Niciâs, ch. 9.). [*](i Ce territoire était en litige entre Lacédémone et Argos. Voyez livre v, ch. 41.) [*](2 Voyez ch. 29.) [*](3 Ou trouve la même pensée dans Plutarque, Niciâs, ch. 9.)

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Après eux, les hommes qui avaient les prétentions les mieux fondées à la direction des affaires dans les deux États, Plistoanax, fils de Pausanias, roi des Lacédémoniens, et Nicias, fils de Niceratos, le général le plus heureux du temps, inclinaient fortement à la paix : Nicias voulait, tandis que la fortune ne l’avait point encore trahi, au milieu de sa gloire, mettre en sûreté son bonheur, goûter dans le présent le repos après ses fatigues, en faire jouir ses concitoyens, et laisser à l’avenir la réputation de n’avoir jamais trompé les espérances de son pays : le moyen d’arriver à ce but était, il le sentait bien, de ne rien risquer, d’abandonner le moins possible au hasard; et la paix seule permet de ne rien risquer. Plistoanax était en butte aux attaques de ses ennemis à propos de son rappel : ils ne cessaient, à l’occasion de chaque revers, de réveiller les scrupules des Lacédémoniens, en disant que c’était là le résultat de son retour illégal. Ils l’accusaient d’avoir, de concert avec son frère Aristoclès, engagé la prêtresse de Delphes à répondre aux théores[*](Les théores étaient les députés envoyés par les villes, soit pour consulter les oracles, soit pour accomplir les sacrifices dans les temples publics; il y avait à Sparte quatre théores entretenus aux frais du public.) lacédémoniens qui venaient souvent consulter l’oracle, « qu’ils eussent à ramener chez eux de la terre étrangère la race du demidieu fils de Jupiter[*](Hercule.); qu’autrementils laboureraient avec un soc d’argent[*](C'est-à-dire qu’il y aurait une famine, et qu’on ne se procurerait des vivres que difficilement et à prix d’argent.); » d’avoir ensuite, — dans le temps même où il vivait réfugié au mont Lycie, sur le soupçon d’avoir évacué l’Attique à prix d’argent, et où la crainte [*](1 Les théores étaient les députés envoyés par les villes, soit pour consulter les oracles, soit pour accomplir les sacrifices dans les temples publics; il y avait à Sparte quatre théores entretenus aux frais du public.) [*](» Hercule.) [*](3 C'est-à-dire qu’il y aurait une famine, et qu’on ne se procurerait des vivres que difficilement et à prix d’argent.)
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des Lacédémoniens le forçait à habiter une maison située mi-partie sur l’enceinte de Jupiter[*](Afin d’être protégé par la sainteté du lieu, en se réfugiant dans la partie située sur l’enceinte sacrée.), — fait conseiller par cette même prêtresse de le rappeler, après dix-neuf ans, avec les mêmes sacrifices, les mêmes choeurs, qui avaient été établis autrefois pour l’inauguration des rois[*](Proclès et Eurystène.), lors de la fondation de Lacédémone.

ΧVII. — Fatigué de ces attaques, songeant d’ailleurs qu’une fois la paix rétablie, l’absence de revers et le retour des prisonniers lacédémoniens ôteraient à ses ennemis toute prise contre lui, qu’en guerre au contraire tout échec devient nécessairement prétexte à accusation contre les chefs, Plistoanax souhaitait un accommodement. Des conférences eurent lieu pendant tout l’hiver jusqu’aux approches du printemps : en même temps les Lacédémoniens faisaient à l’avance sonner bien haut leurs préparatifs; le bruit se répandait de ville en ville qu’ils allaient élever des fortifications[*](Sur le territoire del’Attique.); tout cela pour rendre les Athéniens plus imitables. Enfin, à la suite des conférences, et après de nombreuses prétentions élevées de part et d’autre, on convint de faire la paix, à la condition de restituer réciproquement tout ce que chacun avait pris les armes à la main; les Athéniens toutefois devaient garder Nisée. (Ils avaient réclamé Platée; mais les Thébains prétendirent être entrés en possession de cette place non de vive force, mais par le consentement des habitants, ceux-ci s’étant librement soumis sans qu’il [*](1 Afin d’être protégé par la sainteté du lieu, en se réfugiant dans la partie située sur l’enceinte sacrée.) [*](* Proclès et Eurystène.) [*](3 Sur le territoire del’Attique.)

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y eût trahison : Nisée devait au même titre rester aux Athéniens.)

Les Lacédémoniens convoquèrent alors leurs alliés; tous votèrent pour la paix, à l’exception des Béotiens, des Corinthiens, des Éléens et des Mégariens qui n’approuvaient pas le traité. La paix fut donc conclue, et les deux peuples s’engagèrent réciproquement l’un envers l’autre par des libations et des serments; le traité était ainsi conçu :

XVIII. « Les Athéniens, les Laccdémoniens et leurs alliés ont fait la paix aux conditions suivantes, dont chaque ville a juré l’observation : chacun pourra à volonté, suivant les usages anciens, sacrifier dans les temples communs[*](Les principaux de ces temples, communs à tous les Grecs, étaient ceux de Delphes, d’Olympie de Némée, de Neptune-Istbmiqûe. Tous les peuples grecs pouvaient y sacrifier.), prendre les oracles, assister aux solennités, s’y rendre sans crainte, par terre et par mer. ·

« L’enceinte et le temple d’Apollon à Delphes, la ville et ses habitants ne relèveront que de leurs propres lois[*](Tous les Grecs étaient également intéressés, sous le rapport religieux, à l’indépendance du temple et de la ville de Delphes. Il importait à chacun de trouver là un terrain neutre, où il pût en tout temps sacrifier et consulter l’oracle.) et ne payeront tribut à personne; pour la justice, ils ne ressortiront que d’eux-mêmes, eux et leur pays, conformément à ce qui est établi.

« La paix est pour cinquante ans entre les Athéniens et les alliés des Athéniens, les Péloponnésiens et les alliés des Péloponnésiens, sans dol ni dommage[*](Cette même formule se retrouve dans presque tous les traités.), sur terre et sur mer.

[*](1 Les principaux de ces temples, communs à tous les Grecs, étaient ceux de Delphes, d’Olympie de Némée, de Neptune-Istbmiqûe. Tous les peuples grecs pouvaient y sacrifier.)[*](2 Tous les Grecs étaient également intéressés, sous le rapport religieux, à l’indépendance du temple et de la ville de Delphes. Il importait à chacun de trouver là un terrain neutre, où il pût en tout temps sacrifier et consulter l’oracle.)[*](3 Cette même formule se retrouve dans presque tous les traités.)
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« Il est interdit de porter les armes, en vue de nuire[*](’Exi πημονή. C’est encore là une de ces formules qui n’ajoutent rien au sens; il en est de même des mots μήτε τε'χνη, μήτε μηχανή μηδεμια.), aux Lacédémoniens et à leurs alliés contre les Athéniens et leurs alliés, aux Athéniens et à leurs alliés contre les Lacédémoniens et leurs alliés, par quelque moyen et sous quelque prétexte que ce soit.

«S’il s’élève quelque différend réciproque, qu’on ait recours aux voies légales et aux serments, conformément aux conventions faites.

« Les Lacédémoniens et leurs alliés rendent aux Athéniens Amphipolis. Dans toutes les villes restituées par les Lacédémoniens aux Athéniens, il sera loisible aux habitants de se retirer où ils voudront, en emportant ce qui leur appartient. Ces villes se gouverneront par leurs propres lois[*](Αυτονόμους. Ou voit par là que l’autonomie pouvait se concilier avec la dépendance des villes tributaires. Elles se distinguaient par là de celles auxquelles on imposait le gouvernement et les lois du vainqueur.), en payant le tribut fixé par Aristide[*](Le tribut fixé primitivement par Aristide à 4GO talents avait été élevé à GOO, et fut plus tard doublé par Alcibiade.). Ni les Athéniens ni leurs alliés ne pourront porter les armes contre elles, ni chercher à leur nuire, si elles payent le tribut après la conclusion de la paix. Ces villes sont Argilos, Stagire, Acanthe, Scolos, Olynthe, Spartolos[*](Argilos, Stagireet Acanthe s'étaient livrées à Brasidas; les villes chalcidieunes d’Olynthe et de Spartolos avaient fait défection dès le commencement de la guerre. Thucydide ne parle pas de la défection de Scolos.); elles n’auront d’alliance ni avec les Lacédémoniens ni avec les Athéniens. Que si cependant les Athéniens peuvent les amener par la persua- [*](1 ’Exi πημονή. C’est encore là une de ces formules qui n’ajoutent rien au sens; il en est de même des mots μήτε τε'χνη, μήτε μηχανή μηδεμια.) [*](• Αυτονόμους. Ou voit par là que l’autonomie pouvait se concilier avec la dépendance des villes tributaires. Elles se distinguaient par là de celles auxquelles on imposait le gouvernement et les lois du vainqueur.) [*](3 Le tribut fixé primitivement par Aristide à 4GO talents avait été élevé à GOO, et fut plus tard doublé par Alcibiade.) [*](* Argilos, Stagireet Acanthe s'étaient livrées à Brasidas; les villes chalcidieunes d’Olynthe et de Spartolos avaient fait défection dès le commencement de la guerre. Thucydide ne parle pas de la défection de Scolos.)

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sion et librement à entrer dans leur alliance, il leur sera loisible de la faire.

«Lçs Mécybernéens, les Sanéens, les Singéens habiteront leurs villes[*](Comme Thucydide ne dit nulle part qu’ils en eussent été chassés, on a supposé avec quelque vraisemblance que, sans faire défection, ils étaient devenus suspects à Athènes, par quelques ouvertures faites aux Lacédémoniens.), ainsi que lesOlynthiens etlesAcanthiens.

« Les Lacédémoniens et leurs alliés rendront aux Athéniens Panacton; les Athéniens rendront aux Lacédémoniens Coryphasion[*](Pylos.), Cythère, Méthone, Ptéléon et Atalante. Ils rendront également tous les Lacédémoniens qui sont dans les prisons d’Athènes, ou dans tout autre lieu de leur domination. Ils renverront tous les Lacédémoniens assiégés dans Scione, tous les autres alliés des Lacédémoniens qui se trouvent dans cette place, tous ceux que Brasidas y a fait passer, enfin tous ceux des alliés de Lacédémone qui sont dans les prisons soit à Athènes, soit en tout autre lieu de la domination athénienne.

« Les Lacédémoniens et leurs alliés rendront de même les prisonniers des Athéniens et de leurs alliés.

« Scione, Toroné, Sermylion et toutes les autres villes qui peuvent être en la puissance des Athéniens, restent à leur discrétion, pour être par eux décidé comme ils l’entendront.

« Les Athéniens s’engageront par serment envers les Lacédémoniens et leurs alliés; chaque ville s’obligera en particulier, et dans chacune on prêtera de part et d’autre le serment le plus sacré[*](Il y avait dans les serments divers degrés qui engageaient plus ou moins : on Jurait par Jupiter, par les dieux infernaux, par son père, sa mère, ses enfants.) dans le pays. La for- [*](1 Comme Thucydide ne dit nulle part qu’ils en eussent été chassés, on a supposé avec quelque vraisemblance que, sans faire défection, ils étaient devenus suspects à Athènes, par quelques ouvertures faites aux Lacédémoniens.) [*](2 Pylos.) [*](3 Il y avait dans les serments divers degrés qui engageaient plus ou moins : on Jurait par Jupiter, par les dieux infernaux, par son père, sa mère, ses enfants.)

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mule est : « Je resterai fidèle aux stipulations et au présent traité, suivant la justice et sans dol. » Les Lacédémoniens et leurs alliés prêteront serment de la même manière aux Athéniens.

« Le serment sera renouvelé chaque année par les deux parties[*](Afin que les magistrats annuels ne pussent prétendre qu’ils n’étaient pas engagés par le serment de leurs prédécesseurs.);on l’inscrira sur des colonnes, à Olympie, à Delphes, sur l’lsthme, à Athènes dans la citadelle, à Lacédémone dans l’Amycléon[*](Temple d’Apollon, à Amyclée, à vingt stades de Sparte (Folïbe, t, 1Θ).).

« Si quelque chose a été oublié de part et d’autre sur quelque point que ce soit, les deux parties, Lacédémoniens et Athéniens, pourront, sans manquer au serment, faire, après convention amiable, tous les changements mutuellement consentis.

XIX. « Le traité date de l’éphorat de Plistolas, le quatrième jour avant la fin du mois artémision, et, à Athènes, de l’archontat d’Alcée, le sixième jour avant la fin du mois élaphébolion. Ont juré et fait les libations, pour les Lacédémoniens; Plistolas, Damagétos, Chionis, Métagènes, Acanthos, Daïthos, Ischagoras, Philocharidas, Zeuxidas, Antippos, Tellis, Alcinidas, Empédias, Ménas, Laphilos; pour les Athéniens : Larapon, lsthmionicos, Nicias, Lachés, Euthydème, Proclès, Pythodore, Agnon, Myrtilos, Thrasyclès, Théagènes, Aristocratès, Iôleios, Timocratès, Léon, Lamachos, Démosthènes. »

XX. L’hiver finissait, et on entrait dans le printemps, lorsque fut conclue cette trêve, aussitôt après les fêtes [*](i Afin que les magistrats annuels ne pussent prétendre qu’ils n’étaient pas engagés par le serment de leurs prédécesseurs.) [*](* Temple d’Apollon, à Amyclée, à vingt stades de Sparte (Folïbe, t, 1Θ).)

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urbaines de Bacchus. Il y avait dix ans révolus et quelques jours qu’avaient eu lieu la première invasion de l’Altique et le commencement de cette guerre : on peut s’en convaincre en suivant l’ordre des temps, mode de supputation bien préférable à celui qui repose sur la succession des magistrats, archontes ou autres, suivant les lieux, dont les noms servent à fixer la date des événements passés : car on n’a ainsi aucune exactitude, les événements pouvant se rapporter au commencement, au milieu, ou à toute autre époque de la magistrature. Mais si on compte, comme je l’ai fait par étés et par hivers, on trouvera — chacune de ces saisons correspondant à la moitié d’une année — que cette première guerre embrasse dix étés et autant d’hivers.