History of the Peloponnesian War
Thucydides
Thucydides. Histoire de la Guerre du Péloponnése, Vol. 1-2. Zévort, Marie Charles, translator. Paris: Charpentier, 1852.
XLI. Ainsi parla Cléon. Après lui Diodote, fils d’Eucratès, qui, dans la précédente assemblée, avait vivement combattu le décret de mort contre les Mytiléniens, s’avança et parla en ces termes :
XLII. « Je ne saurais ni blâmer ceux qui ont proposé une nouvelle délibération au sujet des Mytiléniens, ni approuver ceux qui trouvent mauvais qu’on revienne plusieurs fois sur les affaires les plus importantes. Loin de là, je crois que les deux choses les plus contraires à une saine délibération sont la précipitation et la co- lère[*](Cupidinem atque iram, pessumos consullores (Sall. Jug. 68).), l’une provient, en général, du manque de sens, l’autre de l’ignorance et de l’irréflexion. Celui qui soutient que les discours n’éclairent pas les faits est ou dépourvu de raison, ou guidé par quelque intérêt personnel : dépourvu de raison s’il se figure qu’il est quelque autre moyen de répandre la lumière sur l’a- venir et les questions obscures, guidé par l’intérêt, si, voulant conseiller quelque mesure honteuse et sentant son impuissance à bien dire sur ce qui n’est pas bien, il espère, par d’habiles calomnies, effrayer ses adversaires et ses auditeurs. Mais ceux-là sont les pires de tous qui se font de l’imputation de vénalité un argument contre l’opinion émise par un autre. S’ils se contentaient de l’accuser d’ignorance, l’orateur qui aurait eu le dessous pourrait emporter la réputation d’un homme sans talent ; sa probité, du moins, ne serait pas en cause ; mais, quand on ajoute l’accusation d’improbité, il devient suspect, même s’il gagne sa cause ;
« La république n’a rien à gagner à ces manoeuvres ; car la crainte éloigne d’elle les conseillers honnêtes. Tout n’en irait que mieux si de telles gens ne savaient manier la parole ; car ils entraîneraient l’état à bien moins de fautes. Un bon citoyen doit, au lieu d’effrayer son adversaire, combattre loyalement, à armes égales, et ne se montrer supérieur à lui que par l’éloquence. Dans une sage république, sans combler de nouveaux honneurs celui qui donne le plus de conseils utiles, on doit du moins ne rien retrancher de ceux dont il jouit ; et, loin qu’aucune peine y soit infligée à l’orateur malheureux, sa considération même doit être à l’abri de toute atteinte. De cette manière, celui qui a déjà réussi ne parlera pas contre son sentiment et ne flattera pas le peuple en vue de nouveaux succès ; celui qui a échoué ne songera pas non plus à recourir aux mêmes moyens de flatterie pour se concilier la multitude.
XLIII. « Nous faisons ici tout le contraire : bien plus, sur le simple soupçon qu’un orateur est guidé par quelque intérêt, fussions-nous d’ailleurs persuadés qu’il donne les meilleurs conseils, jaloux des profits problématiques que nous supposons qu’il peut faire, nous frustrons par cela seul l’État d’avantages incontestables. Les choses en sont à ce point que les bons conseils, présentés sans détours, ne sont pas moins suspects que les mauvais ; si bien que si, d’un côté, celui qui veut faire adopter les mesures les plus funestes doit se concilier le peuple en le trompant, de l’autre, celui qui ouvre un avis utile est également obligé à mentir pour trouver créance. Grâce à tous ces
XLIV. « Quant à moi, je n’ai pris la parole ni pour contredire, ni pour accuser personne au sujet des Mytiléniens. Car, si nous sommes sensés, ce n’est pas sur leurs fautes que doit s’établir la discussion, mais sur le meilleur parti à prendre pour nous-mêmes. Quand j’aurais démontré qu’ils sont coupables d’une manière absolue, je ne demanderais pas pour cela leur mort, si elle nous est inutile ; et, méritassent-ils quelque indulgence, je ne la réclamerais pas, si je n’y voyais avantage pour la république. Je crois que nous avons à délibérer sur l’avenir bien plus que sur le présent. Cléon invoque surtout l’utilité qu’il y aura, pour l’avenir, à infliger la peine de mort, afin de rendre les dé- fections moins fréquentes ; et moi, la considération de vos intérêts à venir me conduit à une conclusion tout
XLV. « Dans les États, la peine de mort est établie contre un grand nombre de crimes qui, loin d’égaler le leur, n’en approchent même pas ; cependant l’espérance donne l’audace d’affronter ce péril, et tout homme qui court un pareil risque compte sur lui-même et sur la réussite de ses desseins. Il en est de même pour les villes : en vit-on jamais se révolter avec la pensée qu’elles ne trouveraient ni en elles-mêmes, ni dans leurs alliances, des ressources suffisantes ? Il est naturel à l’homme, aux États comme aux particuliers, de commettre des fautes ; et il n’y a pas de loi qui puisse empêcher cela, puisqu’on a désormais parcouru toute la série des peines, les aggravant sans cesse, pour être moins exposé aux attentats des malfaiteurs. Il est même vraisemblable qu’autrefois, pour les plus grands crimes, les punitions étaient moins sévères ; mais comme avec le temps on les affronta, la plupart aboutirent à la mort ; et cependant on brave la mort elle-même. Il faut donc, ou trouver quelque épouvantail plus terrible, ou reconnaître que la crainte des châtiments n’empêche rien. Le pauvre devient audacieux par nécessité ; l’insolence et l’orgueil du pouvoir
XLVI. « Il ne faut donc pas, par trop de confiance dans l’efficacité de la peine de mort, prendre une résolution funeste ; il ne faut pas fermer toute espérance aux villes révoltées, en déclarant qu’il n’y a plus de place pour le repentir, et qu’un prompt retour ne saurait expier leur crime. Songez que, dans l’état actuel, lorsqu’une ville rebelle se reconnaît dans l’impossibilité de vaincre, elle vient à composition lorsqu’elle est encore en état de payer les frais de la guerre et
XLVII. « Voyez à quelle lourde faute vous entraînerait sous ce rapport l’avis de Cléon. Maintenant, dans toutes les villes, le peuple vous est favorable ; il ne
XLVIII. « Quant à vous, reconnaissez que c’est là ce qu’il y a de mieux : cédez, non point à la pitié et à l’indulgence, sentiments auxquels je ne veux pas non plus que vous vous laissiez entraîner, mais aux raisons que je vous ai fait entendre ; jugez avec calme les Mytiléniens que Pachès vous a envoyés comme les plus coupables, et laissez les autres dans leurs foyers. Voilà ce qui est véritablement avantageux pour l’avenir et inquiétant dès à présent pour vos ennemis ; car on prend plus d’avantage sur ses adversaires en agissant
XLIX. Ainsi parla Diodote. Après ces discours, où les raisons se balançaient, le même conflit d’opinions se produisit chez les Athéniens. Les suffrages se partagèrent à peu près ; cependant l’avis de Diodote prévalut. Aussitôt on envoya en toute hâte une seconde trirème ; car on craignait qu’elle ne fût devancée par la première et ne trouvât la ville massacrée. L’autre avait un jour et une nuit d’avance[*](En effet, Thucydide a dit précédemment que les Athéniens s’étaient repentis le lendemain du jour où fut rendu le premier décret.). Les députés mytiléniens approvisionnèrent le vaisseau de vin et de farine, et promirent une forte récompense à l’équipage s’il gagnait l’autre bâtiment de vitesse. Les matelots, en effet, firent une telle diligence que, tout en manoeuvrant, ils mangeaient leur farine, pétrie avec du vin et l’huile, et se relevaient pour ramer et dormir tour à tour. Heureusement ils n’eurent aucun vent contraire ; d’ailleurs, le premier vaisseau, chargé d’une horrible mission, ne pressait pas sa marche ; le second, grâce à cette diligence, ne fut devancé que du temps qu’il fallut à Pachès pour lire le décret et se préparer à l’exécuter. La seconde trirème aborda alors et empêcha le massacre. Telle fut l’imminence du danger que courut Mytilène.
L. Les autres Mytiléniens que Pachès avait envoyés, comme les principaux auteurs de la défection, furent mis à mort sur l’avis de Cléon ; ils étaient un peu plus de mille[*](Pachès eut, peu de temps après, à rendre compte de sa conduite pendant ce commandement ; et se perça de son épée pour échapper à une condamnation (Plutarque, Nicias, 6).) ; on rasa les fortifications des Mytiléniens et
LI. Le même été, après la prise de Lesbos, les Athéniens, sous la conduite de Nicias, fils de Nicératus, firent une expédition contre l’île de Minoa, située en face de Mégare[*](En face de Nisée, port de Mégare.). Elle servait de fort aux Mégariens qui y avaient construit une tour. Le dessein de Nicias était d’y établir pour les Athéniens une station fortifiée, plus à portée que Boudoron et Salamine, pour
LII. Dans le cours de cet été, et vers la même époque, les Platéens, manquant de vivres, et dans l’impossibilité de continuer la résistance, se rendirent aux Péloponnésiens ; voici dans quelles circonstances : les assiégeants donnèrent un assaut que les Platéens ne furent pas en état de repousser. Le général lacédémonien reconnut leur faiblesse, mais il ne voulait pas prendre la ville de vive force ; car ses instructions portaient qu’il fallait que, si l’on venait un jour à traiter avec les Athéniens, a la condition de rendre réciproquement les places prises dans la guerre[*](Telle fut, en effet, une des conditions de la paix de Nicias. — Lorsque les Platéens réclamèrent la possession de leur ville, les Thébains répondirent qu’elle n’avait pas été prise de vive force, mais s’était donnée à eux ; et ils la gardèrent.), Platée ne pût entrer dans ces restitutions, comme s’étant donnée elle-même aux Lacédémoniens. Il envoya donc un
LIII. « Nous vous avons livré notre ville, Lacédémoniens, confiants dans votre parole. Ce n’est pas là le jugement sur lequel nous comptions : nous attendions plus de respect de la légalité ; et, si nous avons accepté des juges, si nous n’en avons pas voulu d’autres que vous qui allez prononcer sur notre sort, c’était, dans la persuasion qu’auprès de vous surtout nous trouverions justice. Mais, maintenant, nous craignons bien d’avoir manqué doublement notre but : car nous soupçonnons (et cela n’est que trop vraisemblable) que nous avons à nous défendre contre le dernier supplice, et que nous ne vous trouverons pas exempts de par- tialité. Ce qui confirme nos craintes, c’est premièrement qu’on n’a formulé contre nous aucune
« A toutes nos perplexités se joint la difficulté de vous persuader : si nous étions inconnus les uns des autres, nous pourrions invoquer en notre faveur le témoignage de faits que vous ignoreriez ; mais, tout au contraire, nous allons parler à des hommes à qui tout est connu. Ce que nous craignons, ce n’est pas que, préjugeant l’infériorité de nos mérites à l’égard des vôtres, vous ne nous en fassiez un crime ; mais bien que, dans le but de complaire à d’autres, vous ne nous fassiez plaider une cause déjà jugée.
LIV. « Néanmoins, après avoir exposé quels sont, dans notre différend avec les Thébains, nos droits en regard de vous et des autres Grecs, nous rappellerons nos services et tâcherons de vous persuader. A cette courte question : « Si, dans cette guerre, nous avons fait quelque bien aux Lacédémoniens et à leurs alliés, » nous répondons que, si vous nous interrogez comme ennemis, nous ne sommes pas coupables de ne pas vous avoir fait de bien, et que, si vous nous regardez comme amis, la faute est bien plutôt à vous d’être venus nous
LV. « Voilà ce que nous avons cru devoir faire jadis, dans ces occasions mémorables. Si, depuis lors, nous sommes devenus ennemis, la faute en est à vous. Quand, opprimés par les Thébains, nous avons dû recourir à une alliance, vous nous avez repoussés ; vous nous avez conseillé de nous tourner vers les Athéniens, sous prétexte qu’ils étaient près de nous, et que vous étiez trop éloignés. Et pourtant, dans la guerre, vous n’avez reçu de nous aucune injure grave ; vous n’en aviez aucune à redouter pour l’avenir. Sans doute, nous avons refusé de nous détacher des Athéniens, malgré vos injonctions ; mais il n’y a là aucun crime : ils nous avaient secourus contre les Thébains, quand vous refusiez
LVI. « Les Thébains sont coupables envers nous de nombreuses injustices. Vous connaissez la dernière cause de nos malheurs actuels : contre des hommes qui avaient pris notre ville en pleine paix, bien plus, au milieu d’une fête, nous étions en droit de sévir, d’après cette loi partout en vigueur qui permet de repousser l’agresseur. Il ne serait pas juste maintenant que nous eussions à souffrir à cause d’eux. Car, si vous soumettez la justice à votre utilité actuelle et à leur haine, vous vous montrerez, non pas juges intègres, mais esclaves de l’intérêt. Et d’ailleurs, si les Thébains paraissent vous êtes utiles aujourd’hui, nous vous l’étions bien plus autrefois, nous et les autres Grecs, lorsque vous étiez dans un plus grand péril. Maintenant, en effet, c’est vous qui, par vos agressions, vous rendez redoutables aux autres ; mais à cette époque, quand le barbare apportait à tous la servitude, les Thébains étaient avec lui. Il est donc juste que notre faute actuelle, si toutefois il y a eu faute, soit compensée par notre dévouement d’alors. Vous trouverez même que le service est comparativement supérieur, eu égard surtout aux circonstances ; car, à ce moment,
LVII. « Songez aussi que vous êtes aujourd’hui cités pour votre honnêteté, chez la plupart des Grecs[*]( Bloomfield fait remarquer avec raison que cette réputation était bien imméritée. Indépendamment du massacre des neutres, et de la destruction de Platée, aucun crime ne leur coûta jamais pour satisfaire leur ambition.). Si vous portez sur nous une sentence inique, le jugement que vous allez prononcer, vous si illustres, contre nous qui ne sommes pas non plus sans quelque valeur, ne sera pas enseveli dans l’obscurité. Prenez garde dès lors qu’on ne juge sévèrement une condamnation prononcée contre des hommes courageux par vous plus courageux encore, et qu’on ne s’afflige à la vue de nos dépouilles suspendues dans les temples publics de la Grèce dont nous fûmes les bienfaiteurs. On ne verra pas sans stupeur Platée détruite par les
LVIII. « Cependant, au nom des dieux témoins autrefois de notre alliance, au nom de notre dévouement pour les Grecs, nous vous supplions de vous laisser fléchir, et de revenir sur les résolutions qu’ont pu vous inspirer les Thébains. Exigez que, par une juste réciprocité, ils vous laissent épargner ceux qu’il serait indigne de vous de faire périr ; sachez mériter une reconnaissance honnête[*](Celle des Platéens.) au lieu d’une gratitude honteuse[*](La reconnaissance que leur témoigneraient les Thébains, pour le massacre des Platéens.) ; ne prenez pas pour vous le déshonneur afin de complaire aux autres. Il faut peu de temps pour détruire nos corps ; mais il sera difficile d’effacer
« Ainsi, en nous garantissant la vie, vous remplirez un devoir sacré de justice ; vous songerez, avant de prononcer, que nous nous sommes livrés volontairement et en tendant vers vous nos mains suppliantes ; que, dès lors, le droit public de la Grèce ne permet pas de nous mettre à mort, et, qu’enfin, nous vous avons de tout temps obligés. Tournez vos regards vers les tombeaux de vos pères, morts sous les coups des Mèdes, et ensevelis dans nos campagnes[*](Du temps de Strabon, on montrait encore ces tombeaux à Platée.) ; chaque année nous consacrions des vêtements[*](On trouve très peu de passages dans les auteurs anciens qu aient rapport à cette coutume de consacrer des vêtements aux morts. Cependant Tacite (Ann. iii, 2) raconte que les colonies traversées par les cendres de Germanicus brùlaient des vêtements et des parfums en son honneur.) en leur honneur, avec toutes les solennités d’usage ; nous leur offrions les prémices de tous les fruits de la terre ; amis, nous leur apportions les dons d’une terre amie ; alliés, nous honorions en eux d’anciens compagnons d’armes. Le contraire aura lieu, si vous ne jugez pas comme il convient : songez-y bien ; quand Pausanias leur donna la sépulture, il crut les déposer dans une terre amie, à la garde d’hommes dévoués : et vous, en nous mettant à mort, en déclarant thébain le territoire de Platée, que feriez-vous autre chose qu’abandonner vos pères, vos parents, dans une terre ennemie, au milieu de leurs meurtriers, et les dépouiller des honneurs qui leur sont
LIX. « Non, Lacédémoniens ; cela serait indigne de votre gloire, contraire au droit commun de la Grèce, injurieux pour vos ancêtres ; vous ne voudrez pas, pour satisfaire une haine étrangère, sans avoir reçu vousmêmes aucune injure, nous égorger, nous, vos bienfaiteurs ; vous nous épargnerez, vous vous laisserez fléchir et toucher par la pitié ; la prudence même vous le conseille ; vous songerez combien est terrible la peine qui nous menace ; vous songerez aussi quels sont les hommes qu’elle doit frapper, et combien il est difficile de prévoir sur qui doit un jour tomber le malheur, même immérité.
« Pour nous, pressés par la nécessité, et nous conformant à notre situation, nous invoquons les dieux qu’adorent en commun tous les Grecs sur les mêmes autels[*](Par exemple, à Delphes, à Olympic.) ; nous les supplions de vous rendre sensibles à nos prières ; nous vous conjurons, au nom de vos pères, de ne pas oublier les serments qu’ils ont faits. Suppliants des tombeaux de vos ancêtres, nous implorons ces héros qui ne sont plus, pour n’être point abandonnés à la discrétion des Thébains et livrés aux plus cruels des ennemis, nous vos amis dévoués. Menacés aujourd’hui du sort le plus cruel, nous vous rappelons le jour où nous nous sommes signalés aveç vos pères par les actions les plus éclatantes.
« Pour terminer ce discours, — car il le faut enfin, quelque difficile que ce soit dans notre situation, puisqu’avec nos dernières paroles approche peut-être la fin de notre existence, — nous vous déclarons, en finissant, que ce n’est point aux Thébains que nous avons livré notre ville ; car nous eussions préféré de beaucoup mourir par la faim, la plus ignominieuse de toutes les morts. C’est à vous que nous nous en sommes remis avec confiance : il est donc juste, si nous ne pouvons vous fléchir, de nous rétablir dans l’état où nous étions, et de nous laisser choisir nous-mêmes les chances du péril. Nous vous adjurons en même temps, nous qui fûmes les plus zélés défenseurs de la Grèce, de ne pas nous livrer de vos propres mains, au mépris de votre foi et de nos supplications, aux Thébains nos mortels ennemis. Soyez nos sauveurs ; ne nous perdez pas, au moment même où vous affranchissez le reste des Grecs. »
LX. Ainsi parlèrent les Platéens. Les Thébains craignirent que les Lacédémoniens ne fissent quelque concession, à la suite de ce discours ; ils s’avancèrent et dirent qu’ils voulaient aussi parler, puisque, contre leur avis, on avait permis aux Platéens de faire une réponse plus étendue que ne le comportait la question qui leur était adressée. On le leur accorda, et ils s’exprimèrent ainsi :