History of the Peloponnesian War
Thucydides
Thucydides. Histoire de la Guerre du Péloponnése, Vol. 1-2. Zévort, Marie Charles, translator. Paris: Charpentier, 1852.
L’été suivant[*](426 avant notre ère ; septième année de la guerre.), vers le temps où le blé commence à monter, dix vaisseaux de Syracuse et autant de Locres firent voile pour Messène de Sicile, sur l’invitation dos habitants eux-mêmes. Ils l’occupèrent, et Messène se détacha des Athéniens. Ce qui détermina surtout les Syracusains à cette entreprise, fut la considération que cette place est une des clefs de la Sicile, et la crainte que les Athéniens ne la prissent un jour pour base, afin de les attaquer avec des forces supérieures. Les Locriens, de leur côté, étaient poussés par leur haine contre Rhégium qu’ils voulaient attaquer par terre et par mer. Aussi envahirent-ils en même temps, avec toute leur armée, le territoire des Rhégiens, afin de les empêcher de secourir Messène ; ils y étaient d’ailleurs excités par les bannis de Rhégium qu’ils avaient auprès deux ; car cette ville, en proie depuis longtemps aux séditions, était alors dans l’impossibilité de repousser les Locriens ; et ceux-ci n’en étaient que plus ardents à l’attaquer. Leur armée de terre, après avoir ravagé le pays, s’en retourna ; la flotte resta à garder Messène. D’autres vaisseaux qu’ils
II. Vers la même époque du printemps, avant la maturité des blés, les Péloponnésiens et leurs alliés envahirent l’Attique, sous le commandement d’Agis, fils d’Archidamus, roi des Lacédémoniens. Ils y campèrent, et ravagèrent le pays.
Les Athéniens, de leur côté, envoyèrent en Sicile les quarante vaisseaux qu’ils avaient préparés, avec les deux généraux restés en arrière, Eurymédon et Sophocle ; Pythodore, le troisième, les avait précédés en Sicile. Ils avaient ordre de protéger, en passant devant Corcyre, les habitants de la ville contre les brigandages de la faction réfugiée sur la montagne. Les Péloponnésiens avaient aussi envoyé sur le même point soixante vaisseaux au secours des Corcyréens de la montagne ; et, comme la famine se faisait grandement sentir dans la ville, ils espéraient y établir aisément leur autorité.
Démostbènes, simple particulier depuis son retour de l’Acarnanie, avait été autorisé, sur sa demande, à disposer, s’il le voulait, de la flotte athénienne, pendant la traversée en vue du Péloponnèse.
III. Les Athéniens naviguaient sur les côtes de la Laconie, lorsqu’ils apprirent que les vaisseaux péloponnésiens étaient déjà à Corcyre. Eurymédon et Sophocle avaient hâte de s’y rendre ; mais Démosthènes voulait qu’on abordât d’abord à Pylos[*](Malgré la précision des détails que donne Thucydide, sur Pylos et Sphactérie, des doutes nombreux se sont élevés sur la position de l’ile et de la ville. L’ile de Sphagie, aujourd’hui Prodrona, à laquelle parait s’appliquer la description de notre historien, est plus éloignée des côtes que ne paraît l’avoir été originairement Sphactérie. Les deux passes ont une largeur considérable ; le port est fort étendu. Cependant il ne nous paraît pas possible d’élever à cet égard une contestation sérieuse : la disposition des passes est conforme au récit de Thucydide. En supposant qu’il ne se soit pas trompé sur leur étendue, elles peuvent avoir été alors rétrécies par des ensablements. On trouve à Prodona la fontaine qui était au centre de Sphactérie ; la disposition des côtes est la même ; enfin aucun autre point sur cette plage ne satisfait aussi exactement à la description de Thucydide. — Pylos est aujourd’hui Zouchio, ou vieux Navarin.) pour y faire
IV. N’ayant pu persuader ni les généraux ni les soldais, quoiqu’il eût ensuite communiqué son dessein aux taxiarques[*](Les taxiarques étaient les officiers inférieurs de l’armée. Ils ne doivent pas être confondus avec d’autres taxiarques, magistrats élus tous les ans, au nombre de dix, un dans chaque tribu, pour commander l’infanterie, quand le peuple en masse faisait une expédition.) eux-mêmes, il resta tranquille. Mais, comme la mer n’était pas navigable, les soldats inoccupés conçurent d’eux-mêmes la pensée d’élever une enceinte et de fortifier la place. Ils mirent la main à l’oeuvre et, faute d’outils pour tailler les pierres, ils les choisissaient et plaçaient chacune d’elles là où elle pouvait s’adapter[*](C’était, sauf l’importance, quelque chose d’analogue aux murailles cyclopéennes.). S’ils avaient besoin de mortier, à défaut d’auges ils le portaient sur leur dos, en se courbant, pour le maintenir autant que possible, et en croisant les mains derrière le dos, pour l’empêcher de tomber. Ils s’empressaient et mettaient tout en oeuvre pour prévenir les Lacédémoniens, et fortifier les points les plus accessibles avant d’être attaqués par eux. Du reste, la plus grande partie de la position se trouvait naturellement fortifiée et n’avait pas besoin de murailles.
V. Les Lacédémoniens étaient alors à célébrer une fête. Quand ils apprirent cette nouvelle, ils s’en inquiétèrent peu, persuadés que l’ennemi ne tiendrait pas à leur approche, ou que, du moins, ils emporteraient aisément la place de vive force. Ils étaient d’ail- leurs retenus par cette considération que leur armée n’était pas encore de retour de l’Attique.
Les Athéniens, après avoir fortifié en six jours[*](Diodore (xii, 61) dit, au contraire, vingt jours.) le côté du continent et les autres parties de la place qui en avaient le plus besoin, laissèrent Démosthènes avec cinq vaisseaux pour la garder, et se hâtèrent de faire voile avec le reste de la flotte pour Corcyre et la Sicile.
VI. Dès que les Péloponnésiens qui étaient dans l’Attique apprirent l’occupation de Pylos, ils s’empressèrent de rentrer chez eux : les Lacédémoniens et Agis, leur roi, pensaient que l’affaire de Pylos les intéressait particulièrement ; d’ailleurs, comme leur invasion avait eu lieu de bonne heure, pendant que le blé était encore vert, ils manquaient généralement de vivres ; enfin, il était survenu des froids extraordinaires pour la saison, et l’armée en avait beaucoup souf- fert. Une foule de causes contribuèrent donc à accélérer leur retour et à abréger la durée de cette incursion ; car ils ne restèrent que quinze jours dans l’Attique.
VII. Vers le même temps, Simonide, général athénien, s’empara par trahison d’Éion[*](Cette ville doit différer d’Eion, à l’embouchure du Strymon, que les Athéniens n’avaient pas cessé d’occuper. Mende était située au sud de la presqu’île de Pallène.) en Thrace, colol’île des Mendéens, ennemie d’Athènes. Il avait rassemblé à cet effet quelques Athéniens des garnisons et une foule d’alliés du pays ; mais, attaqué par les Chalcidiens et les Bottiéens venus en hâte au secours de la place, il fut chassé et perdit un grand nombre de soldats.
VIII. Dès que l’armée péloponnésicnne fut rentrée de
Les Lacédémoniens se préparaient à attaquer Pylos par terre et par mer : ils comptaient l’emporter aisément ; car les ouvrages avaient été élevés à la hâte, et la garnison était peu nombreuse. Cependant, s’attendant à voir la flotte athénienne de Zacynthe arriver au secours, ils projetèrent, s’ils ne s’emparaient pas de la forteresse auparavant, de boucher les passes du port pour empêcher les Athéniens d’y aborder. En effet, l’ile nommée Sphactérie, qui s’étend devant le port à
IX. Démosthènes, voyant les Lacédémoniens sur le
X. « Guerriers, qui avez voulu partager avec moi le péril actuel, que personne de vous, dans une telle extrémité, ne songe à faire preuve de pénétration en calculant toute l’étendue du danger qui nous environne ; mais plutôt que chacun, sans regarder autour de lui, se précipite avec bon espoir au devant de l’ennemi et par là obtienne la victoire. Au point où nous en sommes, dans une telle extrémité, il ne s’agit plus de réfléchir, mais de courir au plus vite au danger. Quant à moi, je vois que la plupart des chances sont de notre côté, si nous voulons tenir ferme, ne pas nous effrayer de leur nombre, et ne point trahir nos avantages : nous avons pour nous l’accès difficile de cette côte ; c’est un allié qui combattra avec nous, si nous restons inébranlables. Mais si nous cédons, quelque inabordable qu’elle soit, elle livrera un passage facile quand personne ne la défendra plus ; et alors la lutte sera plus opiniâtre ; parce que l’ennemi, même repoussé par nous, ne pourra que difficilement opérer sa retraite. Tant qu’il sera sur ses vaisseaux, vous le repousserez aisément ; mais une fois débarqué, les chances sont égales.
« La multitude de vos ennemis ne doit pas non plus vous trop effrayer ; car, quelque nombreux qu’ils soient, ils ne donneront que partiellement, grâce à la difficulté de l’abordage ; il ne s’agit pas ici d’une armée de terre, placée d’ailleurs dans des conditions égales et supérieure en nombre ; c’est du haut de leurs vaisseaux qu’ils combattent, et, en mer, il faut aux navires le concours de bien des circonstances. Je pense donc que leurs désavantages compenseront notre faiblesse
XI. Ces exhortations de Démosthènes exaltèrent encore le courage des Athéniens ; ils descendirent au bord de la mer et s’y rangèrent en bataille. Les Lacédémoniens s’avancèrent alors, et attaquèrent en même temps la place par terre et par mer. Leur flotte, forte de qua- rante-trois voiles, était commandée par le Spartiate Thrasymélidas, fils de Cratésiclès. Il donna à l’endroit même qu’avait prévu Démosthènes. Les Athéniens firent face des deux côtés, vers la terre et vers la mer. Les vaisseaux lacédémoniens, disposés par petites divisions, parce que l’abordage n’était pas possible pour un plus grand nombre, venaient tour à tour se relever à l’attaque. De toutes parts on rivalisait d’ardeur et on s’excitait mutuellement à forcer les Athéniens et à enlever les retranchements ; mais celui qui montra le plus brillant courage fut Brasidas, qui commandait une trirème : voyant que, par suite de la difficulté des lieux, les triérarques et les pilotes hésitaient à abor- der, même là où il paraissait possible de le faire, dans la crainte de briser leurs vaisseaux, il leur crie qu’il ne convient pas, pour ménager du bois, de laisser l’ennemi se fortifier dans leur pays ; « que les Lacédémoniens, dit-il, abordent de vive force en brisant leurs vaisseaux ; que les alliés n’hésitent pas, en retour de tant de bienfaits, à sacrifier leurs navires aux
XII. Après avoir excité les autres par ces paroles, il force son pilote à s’échouer et court à l’échelle. Mais au moment même où ils s’efforce de descendre, il est frappé par les Athéniens, criblé de blessures, et s’affaisse privé de sentiment. En tombant à l’extrémité de la proue, il laissa échapper son bouclier qui coula dans la mer et fut porté à la côte ; les Athéniens le recueillirent et le firent ensuite figurer dans le trophée qu’ils élevèrent à l’occasion de cette attaque. Les autres, malgré leurs efforts, ne purent non plus débarquer, arrêtés par l’escarpement de la côte et la résistance des Athéniens qui ne reculèrent pas un instant. Par une étrange interversion des rôles, c’était sur terre, et sur une terre lacédémonienne, que les Athéniens repoussaient les Spartiates attaquant par mer ; et ceux-ci venaient avec leurs vaisseaux tenter sur leur propre territoire, devenu pays ennemi, une descente contre les Athéniens. Car les Lacédémoniens étaient surtout renommés, à cette époque, comme peuple continental, pour l’excellence de leurs armées de terre, et les Athéniens, comme nation maritime, pour la supériorité de leurs flottes.
XIII. Après avoir continué les attaques pendant tout ce jour et une partie du lendemain, les Lacédémoniens y renoncèrent. Le surlendemain ils envoyèrent quelques vaisseaux à Asiné[*](A l’extrémité de la Messénie, près du promontoire Acritas, aujourd’hui Capo-Gallo.) chercher du bois pour des
XIV. Les Athéniens, pénétrant leurs intentions, fondirent sur eux par les deux passes. Déjà la plupart des vaisseaux étaient éloignés du rivage, la proue en avant ; ils les mirent en fuite, les atteignirent aisément dans un espace resserré, en maltraitèrent un grand nombre et en prirent cinq, dont un avec tout son équipage. Ils se précipitèrent sur ceux qui s’étaient réfugiés à la côte ; quelques-uns furent brisés avant d’avoir démarré, et pendant que les troupes y montaient encore.
XV. Quand les événements de Pylos furent connus à Sparte, on décida, comme dans les grandes calamités, que les magistrats descendraient au camp, qu’ils verraient les choses par eux-mêmes et aviseraient in- continent. Ceux-ci reconnurent l’impossibilité de
Ces ouvertures ayant été accueillies par les généraux, on convint des articles suivants : les Lacédémoniens livreraient aux Athéniens et conduiraient à Pylos les bâtiments sur lesquels ils avaient combattu, ainsi que tous les vaisseaux longs qui se trouvaient en Laconie ; ils ne porteraient les armes contre la place ni par terre ni par mer. Les Athéniens, de leur côté, permettraient aux Lacédémoniens du continent d’envoyer aux guerriers de l’île une quantité déterminée de blé tout moulu, savoir, deux chénices attiques de farine par homme[*](Et par jour. Dans les repas publics les Spartiates recevaient chacun, deux chénices de farine ; on ne donnait pas moins d’un chénice pour les esclaves. On peut d’après cela conjecturer lu dimension du chénice.), deux cotyles de vin[*](Le cotyle était le quart du chénice.) et de la viande ; moitié en sus pour chaque valet. Ces envois seraient surveillés par les Athéniens, et aucun bâtiment ne passerait furtivement dans l’île. Les Athéniens continueraient à garder l’île, mais sans pouvoir y descendre ; ils ne porteraient les armes contre l’armée peloponnésienne ni sur terre ni sur mer. A la moindre infraction, de part ou d’autre, et de quelque nature qu’elle fùt, le traité était déclaré rompu. Il devait
XVII. « Athéniens, les Lacédémoniens nous ont envoyés, à l’occasion des guerriers del’île, pour traiter avec vous et vous faire agréer des propositions qui soient tout à la fois utiles pour vous et honorables pour nous-mêmes, autant du moins que le comportent nos infortunes présentes. Ce ne sera pas manquer à nos principes que de parler, en cette circonstance, un peu plus longuement que de coutume : car il est dans nos usages de parler peu, quand peu de paroles suffisent, et de nous étendre davantage, lorsque cela est nécessaire, dans les occasions où nous avons quelque vérité essentielle à faire entendre. N’accueillez pas ces paroles en ennemis ; considérez-les, non comme une leçon que nous prétendrions donner à l’inexpérience, mais comme un simple appel à de sages résolutions, adressé à des hommes auxquels nous n’avons rien à apprendre.
« Vous pouvez faire un bon emploi de votre bonne fortune présente, en gardant ce qui est en votre possession, et en y ajoutant l’honneur et la gloire. Mais gardez-vous d’agir comme ces hommes que quelque
XVIII. « Voyez plutôt, et considérez nos malheurs actuels. Nous dont la réputation n’avait pas d’égale parmi les Grecs, nous venons vers vous solliciter nousmêmes ce que jusqu’ici nous nous croyions plus que personne en mesure d’accorder aux autres. Et cependant nos désastres ne tiennent ni à l’affaiblissement de nos forces, ni à l’insolence qu’inspire l’accroissement de la puissance : notre puissance était ce qu’elle fut toujours lorsque toutes nos prévisions ont été déçues ; et il n’est personne à qui le même malheur ne puisse arriver. Il ne faut donc pas que la prospérité présente de votre république et vos récents succès vous fassent croire que la fortune sera toujours avec vous. Les vrais sages sont ceux qui mettent en sûreté des biens dont ils connaissent l’instabilité ; ce sont aussi ceux qui savent le mieux tirer parti des revers de la guerre. Ils ne croient pas qu’on puisse prolonger les hostilités suivant son caprice, et prennent bien plutôt conseil des événements. Aussi, moins exposés que personne aux revers, parce qu’ils ne se laissent pas emporter par la confiance qu’inspire le succès, ils ne sont jamais plus disposés à mettre fin aux hostilités qu’au milieu de la prospérité.
« Voici pour vous, Athéniens, le moment opportun de tenir avec nous cette conduite : si, comme cela est très possible, il vous survenait plus tard quelque revers pour avoir négligé nos avis, on pourrait croire que c’est à la fortune seule que vous avez dû même vos succès actuels ; tandis que vous pouvez, sans courir aucun danger, léguer à la postérité une haute idée de votre puissance et de votre sagesse.
XIX. « Les Lacédémoniens vous convient à traiter et à mettre fin à la guerre ; ils vous offrent la paix, leur alliance, une amitié sans bornes, une réciproque intimité ; ils réclament en retour les guerriers enfermés dans l’île. Ils pensent que, pour les deux partis, il vaut mieux ne pas s’exposer à l’alternative de les voir ou s’échapper de vive force s’il se présente une occasion favorable, ou tomber dans une plus dure servitude s’ils sont réduits par un siège. Nous croyons aussi que le meilleur moyen de terminer d’une manière durable les grandes inimitiés n’est pas que l’un des deux partis, après une lutte opiniâtre, profite de ses avantages pour enserrer l’autre dans des serments forcés, et pour lui imposer des lois au nom de sa supériorité ; le mieux est que, tout en ayant le pouvoir d’en agir ainsi, il se mette, par sa modération et sa générosité, au-dessus de ces prétentions, et trompe l’attente de son adversaire en lui accordant des conditions modérées. Car l’adversaire, obligé dès lors non plus à se venger comme s’il eût été contraint, mais à payer de retour un acte de générosité, est, par pudeur, plus disposé à respecter les conventions. Mais c’est surtout envers ses plus grands ennemis qu’on doit tenir cette conduite, bien plus encore qu’envers ceux avec lesquels on n’avait que des
XX. « L’occasion est plus que jamais favorable pour une réconciliation mutuelle, avant qu’il vienne s’interposer entre nous un irrémédiable malheur[*](Le massacre des guerriers de Sphactérie.), qui soulèverait nécessairement contre vous la haine de tous et de chacun de nous[*](Chacun aurait en effet à venger un parent ou un ami, si les soldats de Sphactérie étaient égorgés.) et vous priverait des avantages que nous vous offrons spontanément. Réconcilions-nous donc pendant que le sort des armes est encore indécis, vous, avec la gloire et notre amitié en partage ; nous, avant la honte et sous le coup de revers encore sans gravité ; échangeons la guerre pour la paix, et donnons au reste des Grecs le repos après tant de souffrances. C’est à vous surtout qu’ils croiront devoir ces biens. Ils supportent les maux de la guerre sans trop savoir qui l’a commencée ; mais si elle vient à cesser, ce qui dépend surtout de vous, c’est à vous qu’ils en auront la reconnaissance. Vous pouvez vous assurer d’une manière durable l’amitié des Lacédémoniens ; eux-mêmes vous y sollicitent, et cela par bienveillance bien plus que par nécessité. Considérez d’ailleurs tous les avantages qui doivent résulter de celle union : lorsqu’il y aura entre nous accord de volontés, sachez que, plus forts que tous les autres peuples de la Grèce ensemble, nous obtiendrons de leur part une entière déférence. »
XXI. Ainsi parlèrent les Lacédémoniens ; ils