History of the Peloponnesian War
Thucydides
Thucydides. Histoire de la Guerre du Péloponnése. Bétant, Élie-Ami, translator. Paris: Librairie de L. Hachette, 1863.
Ce même été, les Syracusains, avertis que les Athéniens avaient reçu de la cavalerie et se disposaient à marcher contre eux, pensèrent que si l’ennemi ne s’emparait pas des Ëpi-poles, colline escarpée qui domine immédiatement Syracuse, il ne lui serait pas facile, même après une bataille gagnée, d’investir la place. Ils résolurent donc d’en garder les avenues, pour empêcher les Athéniens d’y monter à la dérobée, car c’était le seul point accessible. En effet, de tous les autres côtés sont des collines qui s’abaissent en pente douce vers la ville, d’où l’on aperçoit toute leur étendue. Les Syracusains ont donné à cette position le nom d’JÉpipoles[*](Le nom d’Épipoles dérive de έπιπολάζειν, planer au-dessus j et non pas de πόλις, comme on l’admet communément. ), parce qu’elle domine le reste du pays. Au point du jour, les Syracusains en masse sortirent de la ville pour se rendre dans la prairie qu’arrose TAnapos. Hermocratès et les généraux ses collègues venaient d’entrer en fonctions. Ils firent la revue des hoplites, et désignèrent six cents hommes d’élite , commandés par Dio-milos, exilé d’Andros, avec charge de garderies Epipoles et de se porter rapidement partout où besoin serait.
La nuit qui précéda le jour de cette revue [*](il doit y avoir ici quelque altération dans le texte, bien que le sens soit parfaitement clair. Le moindre des changements qu’on a proposés consiste à insérer le relatif ή après τής νυχτός. ), les Athéniens parurent de Catane avec toute leur armée; et, sans
Peu de temps après, il leur arriva d’Égeste trois cents cavaliers, ainsi qu’une centaine de chez les Sicules, de Nazos et de quelques autres endroits. Les deux cent cinquante cavaliers venus d’Athènes se procurèrent des chevaux à Ëgeste, à Catane, ou en achetèrent à prix d’argent; de sorte que l’effectif de la cavalerie se trouva de six cent cinquante hommes. Les Athéniens, après avoir mis garnison au Labdalon, s’avancèrent vers Syka [*](Faubourg situé au N. E. de l’Acbradine, et nommé aussi Tycha, à cause fl’un temple delà Fortune qui s’y trouvait. (Cicéron, Ferr., IV, liii.) ), y prirent position, et élevèrent à la hâte leur retranchement circulaire [*](Il paraît, d’après les ch. xcix, a et eu, que c’était un ouvrage préliminaire, une sorte de camp retranché ou de réduit, distinct de la circonvallation proprement dite, à laquelle il servait de centre et de point d’appui. M. Didot est le premier qui ait donné à ce terme sa véritable valeur. Avant lui, on prenait le κύκλος pour l’ensemble des lignes obsidionales élevées par les Athéniens. L’emploi de l’article montre qu’il s’agit d’un travail connu et usité dans les sièges. ). La célérité de ce travail consterna les Syracusains, qui firent une sortie pour l’interrompre. Déjà les armées étaient en présence, lorsque les généraux syracusains, voyant que leurs soldats étaient disséminés et se formaient difficilement, les ramenèrent dans la ville. Ils ne laissèrent qu’un détachement de cavalerie, pour empêcher les Athéniens de transporter des pierres et de se répandre au loin. Une tribu d’hoplites athéniens, soutenue par toute la cavalerie, attaqua et mit en fuite ces cavaliers syracusains, en tua quelques-uns, et dressa un trophée en commémoration de cette victoire.
Le lendemain, une partie des Athéniens, prenant pour point de départ le retranchement circulaire, commencèrent à construire le mur d’investissement du côté septentrional,
Quand les Syracusains crurent avoir consolidé les palissades et la contre-approche, sans avoir été troublés dans ce travail par les Athéniens, qui craignaient en se divisant de leur donner prise, et qui d’ailleurs avaient hâte d’achever l’investissement, ils laissèrent une tribu à la garde de cet ouvrage et rentrèrent dans leurs murs. Les Athéniens détruisirent les canaux souterrains qui abreuvaient la ville. Ayant remarqué que les Syracusains se retiraient dans leurs tentes vers le milieu du jour, que plusieurs même s’en allaient à la ville, enfin que les gardes de la palissade faisaient négligemment leur service, ils désignèrent trois cents hommes d’élite et quelques soldats des troupes légères, choisis et bien armés, qui eurent ordre de se porter brusquement et à la course vers la contre-approche. Le reste de l’armée fut divisé en deui corps : le premier, avec l’un des généraux, s’avança du côté de la ville, pour le cas où les assiégés feraient une sortie; le second, avec l’autre général, vers la palissade qui masquait la poterne. Les trois cents assaillirent la contre-approche, qui fut enlevée; les défenseurs l’abandonnèrent pour se réfugier dans l’enceinte avancée du Téménitès. Les vainqueurs s’y jetèrent avec eux; mais à peine y avaient-ils pénétré, qu’ils furent violemment