History of the Peloponnesian War

Thucydides

Thucydides. Histoire de la Guerre du Péloponnése. Bétant, Élie-Ami, translator. Paris: Librairie de L. Hachette, 1863.

Possesseur d’un si vaste empire, Sitalcès se disposa donc à la guerre ; et, ses préparatifs terminés, il se mit en marche pour la Macédoine. Il traversa d’abord les pays de sa domination, puis la Cercine, montagne inhabitée, qui sépare les Sintes des Péoniens. Il la passa par une route qu’il avait précédemment ouverte en abattant des forêts, lors de sa guerre de Péonie. En franchissant cette montagne, au sortir du pays des Odryses, il avait à droite les Péoniens, à gauche les Sintes et les Médiens. Il parvint ensuite à Dobéros, ville de Péonie. Dans cette marche, son armée n'éprouva aucune perte,, si ce (a) Deux millions cent soixante mille francs.

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n’est par les maladies ; elle- se grossit plutôt par l’adjonction spontanée d’une foule de Thraces indépendants, alléchés par le pillage. Aussi dit-on qu’elle présentait un effectif de cent cinquante mille combattants, la plupart à pied, un bon tiers à cheval. C’étaient les Odryses, et après eux les Gètes, qui avaient fourni le plus de cavaliers. Parmi les fantassins, les pins aguerris étaient les montagnards indépendants, armés d’épées et descendus du Rhodope. Le reste consistait en une masse confuse, redoutable surtout par le nombre.

Rassemblés à Dobéros, ces différents corps se disposèrent à envahir par les montagnes la basse Macédoine, où régnait Perdiccas. A la Macédoine appartiennent aussi les Lyn-cestes, les Élimiotes, ainsi que plusieurs peuplades de l’intérieur, alliées et sujettes des Macédoniens, mais qui ont leurs rois particuliers. Quant au pays situé le long de la mer et appelé maintenant Macédoine, la conquête en fut faite par Alexandre, père de Perdiccas, et par ses ancêtres les Témé-nides [*](Famille de l’Héraclide Téménos, roi d’Argos de-puis la conquête dorienne. Un de ses descendants, Caranos, frère du tyran Phidon, alla s’établir en Macédoine, et, par ses exploits, fonda le royaume de ce nom (Hérodote, VIII, cxxxvii). Le peuple macédo- , nien était barbare; mais la famille régnante, jusqu’à Philippe et Air Alexandre, était grecque, originaire d’Argos et issue d’Hercule. a11. ), originaires d’Argos. Ils y établirent leur domination par la défaite des Pières, qu’ils expulsèrent de la Piérie. Ceux-ci allèrent habiter Phagrès et quelques autres places au pied du mont Pangée, de l’autre côté du Strymon. De nos jours encore, le pays situé au pied du Pangée, le long de la mer, s’appelle golfe Piérique. Ils chassèrent aussi de la Bottie les Bottiéens, qui habitent actuellement dans le voisinage des Chalcidéens. Ils conquirent sur les Péoniens une langue de terre, le long du fleuve Axios, depuis les montagnes jusqu’à Pella et à la mer. L’expulsion des Èdoniens leur valut le pays qu’on appelle Mygdonie et qui s’étend au delà de l’Axios jusqu’au Strymon. De l’Êordie ils expulsèrent pareillement les Éordiens ; cette nation fut exterminée, le peu qui échappa s’établit aux environs de Physca. De l’Almopie ils chassèrent les Almopes. Enfin ces Macédoniens subjuguèrent tous les autres peuples qui leur obéissent présentement, savoir Anthé-monte, la Grestonie, la Bisaltie et une grande partie de la Macédoine proprement dite. L’ensemble de ces pays porte le nom de Macédoine et avait pour roi Perdiccas fils d’Alexandre, lors de l'invasion de Sitalcès.

A l’approche d’une armée si formidable, les Macédoniens, désespérant de pouvoir tenir tête en rase campagne, se retirèrent dans les lieux de difficile accès et dans toutes les places fortes du pays. Ces places étaient rares ; ce fut plus tard seulement qu’Àrchélaos fils de Perdiccas, parvenu à la royauté, fit construire

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les forteresses aujourd’hui existantes, perça des routes droites et perfectionna toutes les branches du service public, en particulier ce qui tient à l’organisation militaire. Il amassa plus de chevaux, d’armes et de munitions de toute espèce que n’avaient fait, à eux tous, les huit rois ses prédécesseurs[*](D’après Hérodote (VIII, cxxxix), ces huit rois fure' Perdiccas, Argéos, Philippe, Aéropos, Alcétas, Amyntas, Alexandre, Perdiccas.).

De Dobéros, les Thraces entrèrent d’abord dans Tancien royaume de Philippe et prirent Idomène de vive force. Gprty-nie, Atalante et quelques autres places firent leur soumission par attachement au fils de Philippe , Amyntas, qui se trouvait présent. Ils assiégèrent inutilement Europos ; ensuite ils pénétrèrent dans le reste de la Macédoine, à gauche de Pella et de Cyrrhos. Ils ne poussèrent pas jusqu’à la Bottiée et à laPiérie; mais ils saccagèrent la Mygdonie, la Grestonie et Anthémonte. Les Macédoniens ne songèrent pas même à se défendre avec leur infanterie ; mais ils firent venir de la cavalerie de cher leurs alliés de l’intérieur ; et, malgré leur infériorité numérique, ils attaquaient les Thraces toutes les fois que ceux-ci donnaient prise. Rien ne résistait au choc de ces cavaliers habiles et cuirassés; mais, enveloppés par des masses profondes, ils couraient parfois de grands dangers. Aussi finirent-ils par rentrer dans l'inaction, ne àe croyant pas en état de lutter contre des forces si disproportionnées.